Braque et Laurens, un dialogue magistral à Saint-Tropez

Saint-Tropez - Exposition

Musée de l'Annonciade

Jusqu'au 8 octobre

Entrez dans le superbe musée de l'Annonciade pour voir une sélection de peintures de Georges Braque (1882-1963) et de sculptures d'Henri Laurens (1885- 1954), deux artistes français majeurs qu'une solide amitié a uni pendant plus de quarante ans. Les 67 oeuvres exposées dialoguent tout au long du parcours et ce regard croisé entre les peintures et les sculptures enchantent les visiteurs qui prennent conscience des différents points qui rapprochent le travail des deux amis.

Ils se rencontrent à Paris où le Cubisme est en pleine effervescence. Encouragé par Braque dès 1911, Laurens s'initie aux principes de ce mouvement, Braque et Picasso en étant les chefs de file (Tête de Femme 1917, Laurens -  et La Guitare 1912, Braque). Quelques années plus tard tous deux s'en éloignent car ils jugent les règles du Cubisme synthétique trop répétitives et figées. Ils se tournent alors vers un art plus classique et équilibré, ouvert à la vie (Canéphore 1922, Braque -  et Nue à la draperie, 1927, Laurens). Pendant la décennie suivante, celle des années Trente, leurs formes deviennent fluides et sensuelles : le dessin de Braque privilégie les lignes sinueuses et mouvantes (Grande nature morte brune 1930-32) tandis que Laurens adoucit ses volumes en les rythmant par un jeu de creux et de bosses presque joyeux (La Mère 1935). La guerre vient stopper leurs élans. La mélancolie, la solitude et les tensions apparaissent dans les peintures  de Braque aux tonalités de plus en plus sombres (L'Homme au cheval 1942), ainsi que dans les sculptures de Laurens qui se replient dans des volumes fermés (La Nuit 1947). Les dix dernières années de leur activité créatrice marquent un retour aux formes "parfaites" (La Lune 1946-47) de Laurens. Braque dans son ultimes série des "Ateliers" reprend ses premiers motifs comme les instruments de musique ou les guéridons, mais en ajoutant celui de l'oiseau, une forme mystérieuse dans un espace clos (L'Atelier VI 1950-51).

Une exposition réussie présentée face à la mer, dans "le plus beau des petits musées de France". Elle propose à ses visiteurs un regard nouveau sur le travail de deux artistes ayant dialogué toute leur vie. Chacun a laissé une oeuvre importante qui marque l'histoire de l'art du XXème siècle. A voir cet été, surtout pendant les vacances !

BR