17 Juillet 2017
Ce que l'on aimait le plus chez le peintre Jean Couty (1907-1991), c'était sa personnalité généreuse guidée par un mysticisme aussi bien religieux que littéraire de l'être humain. Il était le sage qui, de sa retraite volontaire à l'Île barbe, à Lyon, observait ses contemporains, surtout les gens simples, car il était sensible à la pauvreté, au dénuement et recherchait la simplicité de la religion. Toutefois ne faisons pas de Jean Couty un saint car auprès de l'homme jovial, sympathique et ouvert aux autres, sommeillait un amoureux de la vie et de la femme, et c'est cette double sensibilité à la fois mystique et sensuelle qui lui fit engendrer des oeuvres puissantes toutes en intériorité.
Jean Couty peint avec fougue ce qu'il voit en sanctifiant, sans même s'en rendre compte, les thèmes et les sujets les plus profanes : des portraits de sa famille (Le Père de l'artiste, 1937 - la Mère 1933) et de la bourgeoisie lyonnaise, des églises (Saint Jean, la nuit ) et des architectures gothiques et romanes (Saint-Gilles-du-Gard, 1961), des scènes de genre (Le Cercle de famille, 1952 - La Parabole de Fous,1934), des femmes jeunes ou vieilles (La vieille femme, 1949), des orphelins et des religieuses (Le Bénédicité, 1937 - La Récréation), des ouvriers et des paysans, des chantiers (Lyon, Le Chantier du métro, 1972), des paysages (Lyon, le Pont Bonaparte et Saint-Jean, 1985 - La Pointe de l'Île Barbe), des nus (Les Nus,1970) et de nombreuses natures mortes simples, solides, qui mettent en scène des objets courants, rappelant ses origines modestes de maçons creusois (Une Lampe).
On reconnait sa peinture à ses couleurs intenses et contrastées et aux pâtes épaisses qu'il pose sur la toile le plus souvent de grand format, à larges coups de brosse, de couteau et même avec les doigts. La matière ainsi travaillée devient vivante, animée par la lumière qui s'accroche sur les touches larges. Très bon dessinateur aussi, il trace toujours d'un trait sûr ses motifs au fusain avant de les peindre dans son atelier. Sa palette explose d'oranges incandescents, de jaunes d'or, de bruns, de bleus et de verts vifs, et de beaux blancs épais et travaillés en profondeur. Ses compositions toujours solidement construites et charpentées rappellent la formation d'architecte qu'il fit auprès de Tony Garnier, le grand architecte lyonnais.
Le musée privé Jean Couty qui vient d'ouvrir ses portes à Lyon à quelques mètres de son atelier, face à l'Île Barbe, réunit plus de 150 peintures, dessins, pastels et fusains. Les visiteurs pourront ainsi découvrir les nombreuses facettes du travail de ce grand peintre qui a entretenu tout au long de sa vie un rapport privilégié avec Lyon, en évitant de se laisser séduire par les sirènes parisiennes.
Jean Couty était un homme à l'esprit libre, curieux de tout, ouvert au monde, et surtout profondément humaniste. Son oeuvre importante est reconnue internationalement par de nombreux collectionneurs privés et par quelques- uns des plus grands musées.
Brigitte Roussey