La Dame du Jeu de Paume : ROSE VALLAND, un héros

Rose Valland (1898-1980) fut une grande Résistante civile attachée dès 1932 à la Conservation du Musée du Jeu de Paume à Paris. Figure emblématique de l'Histoire de la récupération des oeuvres spoliées au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle a, par son courage, son dévouement et sa ténacité, sauvé un trésor.

Au Musée du Jeu de Paume, Rose Valland a la responsabilité de la mise en sécurité des oeuvres d'art menacées par l'imminence du conflit mondial. Les conservateurs en poste décident de cacher au château de Chambord un très grand nombre de pièces capitales sélectionnées dans les collections du Musée du Louvre et dans celles d'autres musées parisiens : elles seront ainsi sauvées. Quarante convois font discrètement la navette avec leurs précieux chargements emballés dans des caisses en bois. La Joconde, la Victoire de Samotrace ou la vénus de Milo ont pu ainsi échapper aux vols et aux bombardements. Dès 1942 Rose découvre avec consternation le pillage systématique des collections privées des familles juives et franc-maçonnes par les nazis. Le musée du Jeu de Paume est réquisitionné pour l'entrepôt des oeuvres volées avant qu'elles ne soient envoyées en Allemagne pour grossir les collections du Fürher, de Goering ou des musées allemands. Plus de 100 000 oeuvres d'art prendront ainsi le chemin de l'Allemagne.

Rose Valland au Musée du Jeu de Paume, 1934

En voyant disparaître tous ces trésors, Rose Valland a l'idée d'établir des listes détaillées de tout ce qui transite dans son musée pour tenter de les suivre : listes des oeuvres, des propriétaires, des localisations des dépôts allemands, les numéros des caisses et des camions. Grâce à ce travail de fourmis, de très nombreuses oeuvres sont retrouvées et rapatriées en France. L'art moderne n'a pas eu cette chance car Hitler qui le jugea dégénéré, fit détruire de nombreuses peintures de Chagall, Dali, Picasso léger..., ou les fit vendre afin de renflouer les caisses de l'Etat. Pendant quatre ans Rose reste à l'affût du moindre indice, fouille dans les poubelles et écoute aux portes afin d'établir en cachette ces listes précieuses, au risque des dénonciations donc de sa vie.

A la fin de la guerre elle est envoyée à Berlin pour gérer pendant dix années le rapatriement de 60 000 oeuvres : 45 000 sont restituées aux ayants droit et 15 000 sont confiées à des musées français faute d'avoir retrouvé leurs propriétaires. Malheureusement aujourd'hui la restitution des oeuvres d'art est loin d'être terminée.

Peu connue du public, cette femme remarquable a sauvé, par sa ténacité et son caractère bien trempé, d'innombrables chefs-d'oeuvres. la France et son patrimoine lui doivent beaucoup !

Brigitte Roussey