Keith Haring (1958-1990), grand peintre et sculpteur américain

Reconnu internationalement comme l'un des artistes phares des années 80, Keith Haring est l'héritier direct du Pop'Art américain et d'Andy Warhol. Son oeuvre s'inspire du monde de la rue en faisant référence aux graffitis, aux couleurs pures du design et à la démesure de l'architecture et des mégapoles des années 60/70. Toutefois, à l'inverse de Warhol qui détourne les marques, images et autres témoins de la société de consommation, Haring en multiplie les variantes sur un même thème au point de s'identifier à la marque qu'il commercialise dans ses deux "Pop-Shop" de New-York et de Tokyo.

Portrait d'Andy Warhol 1984 - Acrylique sur toile

Très tôt il commence à dessiner à la craie blanche sur des panneaux publicitaires en carton noir installés dans les couloirs du métro de New-York. Ces graffitis pirates dans l'espace public lui valent plusieurs passages en prison, mais le dialogue qu'il instaure avec les passants l'enchante. Puis il se lance dans la réalisation de fresques sur les murs de la ville et autres supports urbains, avant de se consacrer à la peinture. Il est alors remarqué par les grandes galeries qui l'exposent.

Son esprit est ouvert et curieux mais son caractère est difficile, inquiet, sombre. Très ambitieux et autoritaire, il sait être généreux parfois et insupportable souvent. Ses années de création artistique sont limitées (1880-1890) mais intenses par la qualité et la quantité des oeuvres réalisées. Il travaille sur de nombreux supports comme des bâches vinyles ou goudronnées récupérées dans la rue, des plaques de métal, avec des peintures acryliques ou émaillées, de la craie, de l'encre, du feutre, sur toile, sur papier, métal ou bois.

Son style est facilement reconnaissable à la répétition constante de formes et de motifs

stylisés qu'il souligne de noir. Cette ligne accidentée d'épaisseur constante est réduite à l'essentiel, toujours continue, comme tracée au hasard. Ses couleurs fétiches sont criardes et contrastées: les rouges, bleus, verts ou jaunes explosent sur des surfaces le plus souvent de grands formats, et sur les figures monumentales en métal découpé. Les personnages stylisés aux contours épais évoquent parfois certaines cultures précolombiennes. Il aime les symboles : la pyramide pour le mystère de l'éternité ; le chien est là pour sa force ou sa méchanceté latente; le bébé pour l'enfance qu'il n'a pas quittée et le dauphin sans doute pour son intelligence. Mais ses créatures monstrueuses traduisent ses angoisses face aux menaces du nucléaire, du sida et des grands conflits mondiaux.

Emporté prématurément à 32 ans par le sida, cet "éternel enfant" a profité de la vie et a travaillé jusqu'au bout pour laisser une oeuvre importante qui le fait considérer comme l'un des artistes américains majeurs du XXème siècle.