Eduardo Arroyo, dans le respect des traditions

25 Septembre 2017

Saint-Paul de Vence (06) - Exposition

Fondation Maeght

Jusqu'au 19 novembre

Toute la verve et la vitalité espagnole se retrouvent dans les peintures, les sculptures et les oeuvres sur papier d'Eduardo Arroyo. Cette grande exposition présentée à la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence invite les visiteurs à plonger dans l'oeuvre protéiforme de l'un des plus grands artistes de sa génération.

La femme du mineur Pérez Martinez tondue par la police

Arroyo est né à Madrid en 1937. Après de bonnes études il fuit l'Espagne franquiste pour s'installer à Paris en 1958. Tout d'abord journaliste, il se consacre ensuite à la peinture. Avec un esprit critique et beaucoup d'humour, il pratique le collage, réalise de nombreux décors de théâtre, mais aussi sculpte et grave tout en continuant de peindre. Il aime travailler par séries en se rapprochant de la littérature ou en s'appuyant sur quelques éléments biographiques. Eduardo Arroyo est un artiste passionné et engagé qui refuse toute complaisance dans sa vision de l'art. La fresque de l'humanité qu'il nous livre se joue avec ironie des modes ou de la politique au-travers d'histoires racontées par épisodes évoquant sa soif de liberté.

Le parcours de la visite est chronologique et thématique avec des oeuvres réalisées dès 1964 : des tableaux connus ou d'autres inédits dont une série de peintures crée pour l'exposition, de nombreux dessins, des collages et un ensemble de sculptures. Avec une incroyable habileté technique et une fantaisie inouïe, l'artiste utilise les matériaux qu'il juge propres à traduire son univers. L'ensemble des oeuvres présenté surprend les visiteurs par la diversité des sujets et des matières, par la profusion des personnages mis en scène, ainsi que par la palette puissante et contrastée. Une présentation étonnamment vivante maniant l'absurde, l'ironie et l'humour souvent noir, tout en "respectant les traditions".

Dès l'entrée dans la première salle une grande peinture : La femme du mineur Pérez Martinez tondue par la police 1970 frappe les visiteurs. Cette femme dont la tête blanche se détache sur un fond noir porte des boucles d'oreilles aux couleurs de l'Espagne. Ses yeux traduisent sa tristesse et sa solitude : une peinture au symbolisme puissant, plus obsédante que politique, qui traduit les rapports difficiles d'Arroyo avec le régime de Franco, les souffrances qu'il a engendrées et la mort. Un peu plus loin Le Double portrait de Bocanegra ou le Jeu des 7 erreurs 1964 ; puis Dans le respect des traditions 1965, Yanek Walzak 1971 et la série des "Ramoneurs" où le peintre transforme cette figure somme toute banale en un être ambivalent presque gentleman cambrioleur ! Quelques beaux collages retiennent l'attention comme Pierrette 2015 ou Hommage à Alvar Aalto 2016.

Arroyo abandonne dans ses oeuvres récentes le travail de la matière et l'anecdote ; ses sujets sont plus doux, plus "surréalistes" et la surface de ses tableaux devient plate : Hodler et son modèle ou le portrait de Dorian Gray 2014. Enfin il désacralise avec humour quelques personnalités comme Napoléon dans sa série du "Pont d'Arcole". Le parcours se termine avec la présentation d'un

ensemble de sculptures en bronze et des pièces uniques en différents matériaux : "Tolstoï, Bécassine" 2014 - Frida Kahlo.

Eduardo Arroyo est un artiste qui utilise avec panache les images de notre société tout en revisitant l'histoire de l'art. Un artiste reconnu sur la scène internationale et un représentant important du courant de la Figuration narrative issue du Pop'Art américain. Son oeuvre majeure marque l'art d'aujourd'hui.

Brigitte Roussey

http://www.fondation-maeght.com