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BlablaARTS - Brigitte Roussey

Expositions - Beaux-Arts

La mort de Jacques Truphémus, le peintre lyonnais de la lumière

Né à Grenoble mais très vite lyonnais d'adoption, Jacques Truphémus se forme à l'Ecole des Beaux-arts de Lyon où il rencontre les peintres Cottavoz et Fusaro. C'est un homme simple, attachant, authentique, faisant toujours preuve d'une grande humilité. Habité par sa peinture, il est resté fidèle à ses convictions sans écouter les sirènes des modes.

Bar tabac, harmonie rouge 1999

Toute sa vie Truphémus a concentré ses recherches sur la lumière, une lumière qui enveloppe les formes, celle qui fait vibrer les couleurs et anime la surface de ses toiles. Il ne faut pas chercher dans ses tableaux des contrastes violents ni des motifs agressifs  car son monde calme appelle à la méditation. Une atmosphère infiniment poétique baigne ses toiles qui sont pour lui autant d'occasions de fixer l'impalpable et le silence, de suggérer la fugacité d'un geste ou d'une émotion. Son oeuvre est vaste : des portraits et autoportraits, des marines et des scènes de café, des paysages du Nord, du Japon et des Cévennes, et ses ateliers.

Toutes ses années de créations sont ponctuées d'étapes. Dès les années 60 il découvre le littoral du Nord qui l'éblouit avec ses plages immenses se confondant avec la mer et les grands ciels. Sa palette prend alors des tonalités délicates, froides, et sa pâte épaisse et travaillée fait vibrer la lumière (La Jetée du Petit Port Philippe - 1920). Un voyage au japon quelques années plus tard lui fait connaître les formes simples et l'arabesque des lignes des estampes japonaises. Son style se dépouille ; sa matière s'affine et ses formes deviennent évanescentes (Osaka - 1971/2005). De ses nombreux séjours en Cévennes, à Vigan où il a installé son atelier dans sa petite maison, Truphémus éclaircit sa palette qui devient de plus en plus lumineuse et livre, au-travers de ses peintures, son amour de la solitude et des paysages austères de la région. Des roses, bleus, violets, oranges estompés au doigt ou au chiffon, illuminent maintenant ses tableaux (Fenêtre en Cévennes - 2003). A Lyon il affectionne l'ambiance des café (le café Bellecour) où il observe discrètement les clients en croquant leurs attitudes (Bar-Tabac, harmonie rouge - 1999). Ses natures mortes mettent toujours en scène des objets intimes, modestes, simplement posés sur des tables nappées de blanc ou de bleu (Nature morte sur fond bleu - 2007).

Autoportrait

Quant à ses portraits, ils livrent modestement un peu de son intimité ainsi que celle qu'il a partagé pendant de longues années avec son épouse Aimée (Intérieur, Aimée lisant - 1999). Les visages sont à peine esquissés et seules les attitudes individualisent les personnages qui se fondent dans le décor.

La Porte - 1991

Ses ateliers de Lyon et de Vigan lui donnent le prétexte de construire des intérieurs en plans nettement définis baignés d'une lumière qui enveloppe les objets et les tableaux rangés contre le mur.

Les années passant et sans doute à cause de sa vue devenue défaillante, Truphémus s'attache plus à analyser la valeur des choses qu'à fixer avec précision les motifs.

Une peinture intemporelle toute en délicatesse et suggestion. Une oeuvre apaisante et silencieuse. A 94 ans Jacques Truphémus vient de nous quitter en laissant une oeuvre immense et unique, celle d'un très grand peintre français.

Brigitte Roussey

 

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