Expositions - Beaux-Arts
25 Octobre 2017
Paris - Exposition
Musée Maillol
Jusqu'au 21 janvier 2018
L'art américain est à l'honneur actuellement au Musée Maillol avec la présentation d'un bel ensemble d'oeuvres Pop du début des années 60 à la fin des années 70. Toutes proviennent d'un prêt exceptionnel du Whitney Muséum of American Art de Nex-York. Soixante cinq peintures, sculptures, lithographies et sérigraphies regroupées en six sections, dévoilent les particularités du Pop Art : son américanisme, sa vision au-delà des apparences, sa cohérence et l'image ambivalente qu'il livre du "rêve américain". Chaque artiste a réalisé des oeuvres très personnelles, ce qui explique que l'Art Pop n'a jamais formé un mouvement unifié.
Le Pop Art n'est ni un mouvement ni une école. Il a été créé par une génération d'artistes qui a voulu lutter contre l'expressionnisme abstrait qui occupait toute la scène artistique de l'époque, en inventant un art résolument nouveau. On reconnait les oeuvres pop à leurs couleurs pures et flamboyantes posées en aplats, à leur réalisme souvent teinté d'humour grinçant, à leur gaité, leur diversité et leur immédiateté. Elles mettent en scène des objets modestes issus de la vie quotidienne, en reprenant les codes et les techniques de la publicité et de la bande dessinée ainsi que les modes de la production industrielle. Parmi les artistes les plus connus citons Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Jasper Johns, Oldenburg, Ramos, Rosenquist, Jim Dine, Keith Haring, Basquiat, Wesley...Tous ont animé ce courant artistique réactionnaire pendant la décennie où le contexte économique florissant encourageait les ménages à surconsommer les biens de consommations très abondants.
Trois oeuvres de Roy Lichtenstein ouvrent l'exposition dont Girl in window 1963 et Explosion 1967. Sa technique picturale particulière imite ici la trame en pointillé de l'impression. Un peu plus loin Rauschenberg concentre son travail sur la lithographie : Landsmark 1968, quant à Jasper Johns, il invite les spectateurs à fixer ses cibles dans le but de modifier leur vision. Allan D'Arcangelo peint à l'acrylique des sujets sans mouvement ni modulation de couleurs : Madonna and child 1963 est l'image plate et figée de Jacky Kennedy avec sa fille, qu'il assimile ici à un simple objet de culte ! Stevens et Jim Dine se rapprochent des encarts publicitaires et John Wesley infantilise l'ordre militaire : Panoplie 1972.
Les artiste Pop participent aussi, à leur manière, à la révolution sexuelle des années 60 ("Faites l'amour et pas la guerre"). Ils décrivent dans leurs oeuvres la soumission de la femme face à la domination et aux exigences masculines comme si cette dernière n'était qu'une marchandise : Tobacco Rhoda 1965 de Mel Ramos. les "tableaux urbains" de james Rosenquist revisitent les quartiers industriels désaffectés de New-York et Edward Ruscha parodie la culture hollywoodienne. Au centre de la dernière salle de l'exposition deux gigantesques sculptures/installations interpellent le public par leur banalité : French Fries and Ketchup 1963.
Ce panorama varié de l'esthétique pop en Amérique montre une image floue de la société américaine pendant ces années 1960-1970. Le monde observé par les artistes n'est ni bon ni mauvais, simplement différent et il n'est "que la promesse publicitaire d'un bonheur consommé".
Brigitte Roussey