Gérard Guyomard peintre, honoré à Lyon

Lyon - Exposition

Galerie Anne-Marie et Roland Pallade

Jusqu'au 30 juin 2018

La galerie Anne-Marie et Roland Pallade consacre sa nouvelle exposition au peintre lyonnais André Guyomard (1936), un artiste important du mouvement de la Figuration narrative en France dans les années 60. Elle montre aux visiteurs l’univers pictural insolite de l’artiste qui excelle à apprivoiser la ligne et l’arabesque sinueuse se déployant sur des fonds souvent saturés d’où émergent des personnages, des objets ou des signes superposés. Tout bouge, tout est instable, tout est vivant.

Autodidacte, Guyomard a été tout d’abord un restaurateur de tableaux reconnu par les musées (le Louvre), avant de se consacrer à la peinture. Il a gardé de cette première formation une très grande habileté. L’homme au regard lumineux derrière ses lunettes et au sourire jovial est sympathique. Il a deux passions : les femmes et le vélo ! Curieux de tout, il collectionne des photographies, les traces d’évènements qui l’ont marqué ou les choses qui lui parlent pour construire avec ses « trésors » un monde vivant, coloré et fantastique où peinture, dessin et photographie cohabitent en d’infinies variations de lignes enchevêtrées. Notons la palette vive et acidulée de ce « brasseur d’images » qui connaît toutes les techniques et dont le vocabulaire stylistique joue avec les signes et les symboles en privilégiant les superpositions gardant l’empreinte du mouvement. Tout se croise, s’oppose ou se répond. On pense parfois au cinéma dont il s’inspire mais il fait appel aussi à d’autres références. Il part du dessin pour « dessiner » en peignant toujours avec humour, parfois avec ironie mais jamais avec méchanceté. Devant ses œuvres il faut entrer dans son monde imaginaire afin de découvrir une foule de détails sur la vie de tous les jours, sur ses fantasmes érotiques et sur ses souvenirs dont il capte l’éphémère pour en fixer la trace.

Dès l’entrée dans la galerie nous sommes attirés par les méandres des lignes, des figures et des objets qui se détachent sur les fonds blancs. L’artiste dessine et peint par séries ; elles se font ici face, les dessins accrochés sur le mur de gauche et au fond de la salle et les peintures occupant la partie droite de la galerie. Chaque dessin ou peinture invite les visiteurs à se fondre dans des enchevêtrements de lignes noires, éclairées, dans les peintures, par des touches de couleurs vives positionnées selon un ordre précis : 9 peintures numérotées : A tout pichet miséricorde où les formes sont définies par des lignes toujours doublées qui donnent de la profondeur au motif et de nombreux dessins à l’encre et à la mine de plomb remarquables. Des corps de femmes, des têtes, des vélos et de nombreux rappels de bandes dessinées (Tintin), tout un univers vivant et étonnamment présent.

A 81 ans, Gérard Guyomard s’amuse encore en travaillant ! Il critique avec humour la vie en racontant au-travers de séquences l’histoire simple du monde comme autant d’arrêts sur images. Son œuvre singulière et ludique qui ne cesse d’osciller entre la réalité et l’imaginaire, le vécu et le ressenti, est à voir rapidement !

Brigitte Roussey