Expositions - Beaux-Arts
2 Mars 2019
Lyon - Exposition
Musée des Confluences
Jusqu'au 1° décembre 2019
Après l’exposition très réussie « Yokainoshima, les esprits du Japon », le musée des confluences propose à ses visiteurs de partir sur les pentes de l’Himalaya. Cette nouvelle exposition raconte l’épopée des voyages de trois lyonnais fascinés dès 1976 par le peuple Kalash du Pakistan. Après de nombreuses années de travail et une foule d’études et de documents, ces derniers ont constitué un fonds exceptionnel qu’ils ont offert au musée afin qu’il conserve la mémoire de la culture de ce peuple en survie.
Leur territoire se situe au nord-ouest du Pakistan, à la limite de l’Afghanistan. Les kalash habitent cette région très montagneuse et sont regroupés dans trois vallées totalement isolées, ce qui explique le maintien de leur culture depuis plus de 2000 ans malgré la colonisation musulmane qui se fait insistante. Montagnards, pasteurs et agriculteurs, ils vivent entourés d’esprits invisibles sous la protection des dieux qu’ils implorent et qu’ils nourrissent aux changements de saison, chaque dieu ayant une fonction précise dans leur vie quotidienne. Les femmes sont considérées comme impures à cause de leurs cycles menstruels ! Exclues du sacré elles doivent se cantonner au tissage de la laine pour confectionner leurs magnifiques habits, aux travaux des champs et surtout elles mettent au monde tellement d’enfants qu’elles en restent épuisées et dépressives. Heureusement aujourd’hui les filles comme les garçons vont à l’école et même à l’université.
La vie des Kalash dans l’Himalaya est rythmée par des fêtes saisonnières inscrites dans les fondements de leurs traditions religieuses. Le Chaumos est la fête de l’hiver qui dure tout le mois de décembre. La fête de Joschi célèbre le retour du printemps. Leurs dieux, les esprits et les fées sont alors remerciés pendant deux jours. A l’automne les bergers descendent de leurs pâturages avec les fromages qu’ils ont confectionné. Ils se rassemblent pour danser et célébrer la générosité de leurs dieux : c’est la fête d’Utchao. Les vendanges « célestes » sont en octobre. Le vin produit devient la boisson pure appréciée des dieux.
Dès l’entrée dans l’exposition de grandes photographies plongent les visiteurs dans le monde coloré des Kalash. Quelques belles pièces dans des vitrines : une « paire de chaussures de chaman », kalem 1990 Pakistan, témoignent de la beauté de l’artisanat local. Dans la deuxième salle une mise en scène d’effigies funéraires en bois sculpté voisine avec une coiffe magnifique et des parures remarquablement rebrodées de perles et de coquillages. Quatre sculptures en bois grandeur nature trônent au centre de la salle suivante, accompagnées de poupées de Gambahutiak. Ces grandes sculptures sont présentes sur certaines tombes pour témoigner de la générosité du défunt. Enfin des poteaux en bois sculpté et peint de motifs de cornes de bouquetins et de roues solaires sont des éléments de construction et de décoration des maisons kalash. La richesse de leurs décors est en rapport avec le rang du propriétaire. La visite se termine avec un agrandissement de l’une des pages du livre édité pour l’exposition.
Pour ne pas disparaître, le peuple Kalash doit à tout prix garder ses valeurs, ses croyances et ses coutumes, face à une islamisation galopante, ce qui s’avère très difficile !
Brigitte Roussey