Expositions - Beaux-Arts
7 Juillet 2019
Evian - Exposition
Palais Lumière
Jusqu'au 23 septembre 2019
Le Palais Lumière d’Evian consacre sa nouvelle exposition à l’Expressionnisme allemand, un courant artistique né en Allemagne au début du XX° siècle. Elle réunit pour la première fois une sélection exceptionnelle d’œuvres issues de deux grandes collections allemandes : l’Aargauer Kunsthaus et l’Osthaus Musem Hagen. Les 140 peintures présentées, pour beaucoup des chefs-d’œuvre, témoignent de l’importance de ce mouvement et montrent les influences qui ont pu guider l’avant-garde allemande.
L’Expressionnisme allemand est une « rébellion » artistique ! Encore mal connu, ce mouvement est peu représenté en France, excepté quelques expositions comme celle du Grand Palais à Paris en 2012 qui lui a été consacré. On peut s’en étonner car Paul Gauguin comme Henri Matisse ont eu une influence considérable sur les jeunes artistes allemands réunis dans le groupe Die Brücke. Fondé à Dresde en 1905 par quatre étudiants en architecture, ce groupe important aura une vie trop courte puisqu’il sera dissout dès 1913 à l’approche de la Première Guerre Mondiale. A cette époque l’Allemagne de l’Empereur Guillaume II est très conservatrice aussi ce mouvement n'aura de cesse de rompre avec l’académisme en privilégiant tous les facteurs porteurs d’opposition et de contestation. Après leur dispersion et dès la fin des années 20, les nazis les jugeant "artistes dégénérés" leur interdisent d'exposer leurs oeuvres ! Le paradoxe est qu’après la Deuxième Guerre Mondiale, leurs peintures sont considérées comme les chefs-d’œuvre qui ont participé à la naissance de la modernité.
Citons ici quelques artistes du groupe comme Emil Nolde, Erich Heckel, Franz Marc, Max Liebermann, Otto Dix, Otto Mueller, Wassily Kandinsky ou Jawlensky…Avec les autres membres du groupe ils remettent en question les systèmes existants pour revenir vers une vie plus en harmonie avec la nature qu’ils aiment défier. Cependant leur vision du monde reste très pessimiste. La guerre approche ; leurs peurs comme leur désespoir percent dans leurs peintures aux sujets torturés, aux corps et aux visages déformés.
Proches de leurs ainés James Ensor, Vincent Van Gogh ou Edvard Munch (le Cri), leurs palettes très vives affectionnent les couleurs pures posées en aplats ou en couches allongées vivement brossées. La touche se libère et les formes sont soit cernées de traits noirs épais ou soit esquissées au profit de la couleur. L’on trouve dans certaines de leurs compositions réalisées entre 1913 et 1915, l’influence du Cubisme français et celle du Futurisme italien. Ils aiment peindre des scènes de rue, la nature, l’architecture urbaine, la vie mondaine et surtout des portraits plus intériorisés que ressemblants.
Exposées par ordre chronologique et regroupées par artiste, notons, bien sûr trop arbitrairement, quelques peintures comme la « Tête de jeune fille au turban rouge et agrafe jaune », 1912, de Jawlensky – de Kirchner : « Baigneurs, 1912, et « Groupe d’artistes, 1913 – la « Petite composition III, 1913 de Franz Marc – « Jardin des fleurs, Femme en robe blanche en face, 1908, d’Emil Nolde et enfin « Deux baigneuses » 1926, d’Otto Mueller, parmi de nombreuses autres œuvres encore !
Une
exposition haute en couleur, sévère et dure parfois, émouvante aussi par l’angoisse et la peur de la guerre que l’on ressent dans de nombreux tableaux. l’Expressionnisme allemand est un maillon incontournable de l’histoire de l’art, l'un des mouvements qui a participé à la naissance de l’art moderne.
Brigitte Roussey