29 Novembre 2020
Commentaire artistique
Qui ne connait pas la célèbre chaise longue LC4 conçue par Charlotte Perriand et par erreur attribuée au grand architecte et designer Le Corbusier. Icône du design, ce siège a été conçue dans l’atelier de ce dernier où elle travaillait. A la fin des années 20 Paris est l’une des capitales de l’Art Déco, aussi cette nouvelle manière de concevoir du mobilier d’intérieur est une véritable révolution.
L’année 1927 apporte la consécration à cette jeune femme résolument moderniste, au talent précoce et au caractère bien trempé ! Après s’être installée dans un appartement-atelier à l’angle de la place Saint Sulpice à Paris, elle conçoit deux œuvres importantes qui la feront reconnaître par ses pairs : le Bar sous le toit et la Salle à Manger de Saint-Sulpice.Sa rupture dans le milieu des arts décoratifs de l’époque est dû à l’emploi qu’elle fait de l’acier et du métal avec lesquels elle rationalise l’espace pour créer un habitat et du mobilier fonctionnels. C’est à ce moment que Le Corbusier la remarque et lui propose d’âtre son associée, avec son cousin Pierre Jeanneret, pour travailler sur des projets de sièges.Cette collaboration des trois designers sera très fertile pendant une dizaine d’années.
Elle travaille à partir de croquis sur des formes ergonomiques de sièges. Un mannequin l’aide à définir les différentes positions possible du siège. Celle de demi-repos qui a été retenue ouvre la longue aventure de la LC4 et de ses déclinaisons.
L’élaboration de la chaise longue LC4
A partir du rocking-chair de la maison Tonet, le pionnier de la production industrielle de meubles en acier tubulaire, elle cherche une solution de chaise à bascule mais le piètement lui pose bien des problèmes : Comment concilier le balancement de la chaise longue avec le maintien de ses différentes positions ? Elle trouve la solution dans un catalogue de produits aéronautiques : un profilé ovoïde en tôle d’acier sur lequel elle fixe 4 pieds de forme conique. Le cadre de l’assise donne la possibilité de varier et de stabiliser la position sans système de blocage mais par friction sur les barres transversales du piètement qu’elle recouvre de caoutchouc. La chaise longue LC4 voit le jour au cours de l’année 1928.
Ses débuts sont difficiles car elle est trop chère et la grave crise économique de 1929 n’arrange rien. Seuls 172 exemplaires sont vendus en 1937 ! Aussi en 1959, pour la sauver du naufrage commercial, Le Corbusier la fait éditer mais à son seul profit et sous son seul nom d’où la confusion de parrainage. Il faudra attendre 1964 pour que la firme italienne Cassina réédite la chaise longue, sous la direction de Charlotte Perriand.
Description du siège
De réglage continu, la chaise longue suit la forme naturelle du corps pour un maximum de confort. Elle se compose de 2 éléments : un corps à deux arceaux qui repose librement sur les traverses d’un large piètement chevalet et H, peint en gris ou en noir. Elle s’incline grâce à la forme circulaire de son châssis en acier chromé, verni ou laqué. Ces deux éléments sont maintenus par de petits fourreaux en caoutchouc. L’assise, le support pour les pieds et l’appui-tête cylindrique réglable peuvent être en tissu, en jersey, en cuir de poulain taché marron et blanc et en cuir.
Après avoir quitté l’atelier de Le Corbusier en 1937 et séjourné au Japon en 1940 et 1942, Charlotte Perriand décide de créer du mobilier en bois et bois et cuir, plus léger et plus économique. Elle prolonge ainsi la vie de sa chaise longue en réalisant des versions en bambou, en teck et en hêtre. Ce sera la Chaise longue Tokio.
Révolutionnaire par les matériaux utilisés, ergonomique, et élégante par sa silhouette et l’emploi du cuir, la chaise longue à réglage continu est une icône du design qui reste l’un des meubles design les plus emblématique du XXème siècle. Elle est exposée dans de nombreux musées dont le MOMA de New York et reste très recherchée par les collectionneurs.
Brigitte Roussey