27 Août 2021
Martigny (Suisse) - Exposition
Fondation Pierre Gianadda
Jusqu'au 21 novembre 2021
La Fondation Pierre Gianadda met l’œuvre de Gustave Caillebotte (1848-1894) à l’honneur en consacrant à ce grand peintre « Impressionniste et moderne » une rétrospective exceptionnelle. Plus de 90 œuvres peintes ou dessinées de 1870 à 1894 sont exposées parmi les quelques centaines réalisées par l’artiste pendant sa courte période créatrice stoppée par sa mort prématurée à 46 ans ! Cette grande exposition met en lumière la modernité de ce peintre parisien dont les images insolites captivent les visiteurs.
Issu d’une riche famille qui le met à l’abri du besoin, il entame des études brillantes de droit avant de suivre une formation artistique à l’École des Beaux-Arts de Paris. Dès le début des années 70, il choisit de se consacrer à la peinture. Domicilié à Paris, il partage son temps entre la Capitale et la belle propriété familiale de Yerres, en Seine-et-Oise, où il passe des étés heureux qui seront pour lui des sources inépuisables d’inspiration.
Ce visionnaire est un homme sympathique et généreux. Son caractère curieux et ouvert le pousse à se passionner aussi pour le jardinage, la navigation qu’il pratique assidument, et la philatélie. Proche des impressionnistes Renoir, Monet, Manet, Degas…qui ont tous du mal à vivre de leur peinture, il les aide financièrement et surtout il organise leurs expositions en sélectionnant leurs peintures, les maquettes des catalogues et en prenant à sa charge le règlement des annonces dans la presse. Le succès magistral de leur troisième exposition ensembles, en 1877, lui doit beaucoup ! Dès 1875 il achète en salle des ventes 73 de leurs tableaux qui formeront le noyau de sa célèbre collection.
Le travail de Gustave Caillebotte se distingue de celui des autres impressionnistes par le choix original de ses thèmes et par ses compositions « photographiques » au chromatisme raffiné. Il aime représenter des paysages urbains et campagnards, les bords de la Seine et la navigation, des natures mortes et des scènes d’intérieur, des portraits et des autoportraits.
Les surfaces de ses toiles tout d’abord lisses s’épaississent. La matière picturale est alors travaillée en de multiples touches séparées qui font vibrer la lumière. L’originalité de ses compositions tient dans ses cadrages serrés, ses vues plongeantes et ses personnages décentrés. Sa palette est dominée par des bleus, des verts et des gris qui se détachent sur les cimaises rouges des salles de l’exposition.
Le parcours de la visite est thématique. Dans sa partie circulaire et en ne citant malheureusement que quelques œuvres : « Les Roses, jardin du Petit Gennevilliers » 1885 ou « Le Jardinier » 1877. Puis ce sont les portraits et autoportraits : « Autoportrait au chevalet »1879, les scènes d’intérieur : « La Leçon de piano » vers 1889 ou « Intérieur, femme à la fenêtre » 1880, et les nombreuses vues de Paris : « Balcon, boulevard Hausmann » 1880 ou « Boulevard des italiens » 1880. Les paysages et la Seine et ses bateaux sont bien illustrés avec « Arbre en fleurs » 1882 et « Régates à Argenteuil » 1893. La grande salle lumineuse du rez-de-chaussée réunit le temps de l'exposition, « Les Raboteurs de parquet » 1875 et « Le Pont de l’Europe » 1876, les deux tableaux majeurs de l’artiste, accompagnés de leurs études préparatoires. Une série de photos de Martial Caillebotte, son frère, complète ce panorama de peintures exceptionnelles.
Gustave Caillebotte, « le plus discret des peintres impressionnistes », a laissé une œuvre importante, poétique et originale, qui se démarque de celles de ses amis par leur étonnante modernité
Brigitte Roussey