12 Septembre 2021
Evian -Exposition
Palais Lumière
Jusqu'au 2 janvier 2022
Le Palais Lumière honore actuellement Alain le Foll (1934-1981), l’un des plus grands dessinateurs français des années 1960-1970. Sa carrière artistique brève mais fulgurante stoppée prématurément par sa mort à 47 ans, est ponctuée d’œuvres importantes destinées à la publicité et à l’édition, complétées par un travail personnel plus axé sur le dessin et la lithographie. L’exposition « Alain le Foll, Maître de l’imaginaire », organisée pour célébrer le 40ième anniversaire de sa disparition, met en lumière une vision nouvelle de son œuvre singulière.
Après une formation artistique à l’Académie Julian à Paris, Alain le Foll délaisse dès 1958 la peinture au profit du dessin et s’oriente définitivement vers le graphisme. Très vite reconnu, il reçoit de nombreuses commandes de dessins publicitaires pour des sociétés comme Rodier, La lainière de Roubaix, l’eau d’Evian ou Obao, bain moussant à la japonaise, qui fera sa renommée. Il travaille aussi pour les Galeries Lafayette et surtout pour le Printemps. Parallèlement il se consacre à l’illustration en collaborant à de nombreux magazines et avec des éditeurs : « Shéhérazade à cœur ouvert » 1962 – « C’est le Bouquet » 1964 ainsi qu’un ouvrage pour les enfants en 1964 et des livres religieux ou de cuisine. Il crée aussi des motifs pour des tissus, des papiers peints, des céramiques et des pochettes de disque. Son style évolue en fonction de ses commandes mais il part toujours de la nature pour créer ses formes hybrides et fantastiques.
L’homme était drôle et enjoué, quelque peu mélancolique aussi après son divorce qui l’éloigne de ses filles. Il aime représenter des fleurs souvent stylisées (la rose-zinnia-pivoine) et des rochers stratifiés dessinés d’un trait fin et précis qui ceinture avec élégance ses motifs exubérants. Ses formes comme ses couleurs sont fascinantes, envoûtantes même, car elles encouragent les spectateurs à entrer dans son monde imaginaire.
Il y a deux volets dans l’œuvre d’Alain le Foll : d’une part son travail professionnel pour son agence de publicité et pour sa maison d’édition, et son œuvre personnelle. Pour ses dessins publicitaires, il privilégie les motifs nettement soulignés d’un trait noir précis qui délimite les aplats de couleurs, et adapte son style aux commandes tout en restant fidèle à son univers végétal. Son travail personnel est plus intimiste. Il dévoile un monde organique, un univers hybride, animé de variations colorées inspirées de ses voyages et de créatures tentaculaires qui frappent notre imagination. Ses dessins sont réalisés au crayon de couleur, au pastel, à la gouache et à l’encre de Chine et il se passionne aussi pour la technique de la lithographie.
Le parcours chronologique et thématique de l’exposition se partage en deux parties. Le rez-de-chaussée réunit le travail professionnel de l’artiste tandis qu’au sous-sol nous découvrons son œuvre personnelle. Citons dans le désordre quelques-unes des œuvres exposées : « Drill » 1963 – « Dessin pour C’est le Bouquet », détail, 1964 – « « Tumulte » 1973 – « Plat au décor floral » - « Fleur d’Afrique » 1973, lithographie – « Obao, le bain moussant à la japonaise » 1963 – « Evian, l’eau vraie » - « Champinolle at top/hill » 1972-76, et d’autres encore !
Le public découvre avec plaisir le travail d’Alain le Foll, un artiste singulier touche à tout de génie, dont le travail prolifique lui a permis de laisser une œuvre importante et surtout très originale. On le considère comme l’un des grands dessinateurs français.
Brigitte Roussey