27 Septembre 2021
Lyon - Expositions
Musée d'Art contemporain
jusqu'au 2 janvier 2022
Le Musée d’art contemporain de Lyon vient d’ouvrir ses portes à cinq expositions simultanées qui entament sa nouvelle saison consacrée aux créations de 5 femmes-artistes. D’âge et d’horizon divers, elles travaillent sur la mobilité des images avec leurs visions, leurs techniques et leurs approches personnelles. Ces expositions cinématographiques occupent les trois niveaux du bâtiment, en commençant, dans le Hall, par un dialogue entre les œuvres d’Hélène Hulak et de Mel Ramos, puis celles de Christine Rebet au premier étage, Jasmina Cibic et Delphine Balley au deuxième, Marina Abramovic et Ulay au troisième.
Dès l’entrée dans le bâtiment nous sommes interpelés par les peintures et les sculptures d’Hélène Hulak mises en regard avec le travail de l’artiste américain Mel Ramos qui insiste sur la représentation du corps et la construction du regard. Le regard rencontre ici la puissance du corps libéré et réapproprié. Six femmes peintes nues ont des cheveux de différentes couleurs et des regards inquisiteurs qui affirment le pouvoir des femmes sur les fantasmes et le voyeurisme !
Le premier niveau accueille dans une ambiance musicale, un ensemble important d’œuvres cinématographiques de Christine Rebet (1971 Lyon). Son exposition « Escapologie » témoigne de sa fascination pour la prestidigitation et les illusions d’optique utilisées dans les prémices du cinéma. Six petits films d’animation dont « Otolithe » invitent les visiteurs à entrer dans une succession d’espaces immersifs, complétée par quelques dessins préparatoires : « Ultravision » 2020 – « Otolithe » 2021 – « Thunderbird » 2018…racontent d’une poésie troublante et avec drôlerie et souvent cruauté, les mondes en crise.
Au deuxième étage, Delphine Balley (1974 Isère) invite ses visiteurs à voyager à travers le temps avec trois films : « Charivari » 2016 – « Le Pays d’en haut » 2013 et « le Temps des oiseaux » 2020, et 15 photographies., en évoquant un monde vernaculaire er familial. La représentation de l’image occupe le centre du travail de l’artiste qui étudie les rites de passage qu’elle voit comme une architecture de procession. Abandonnant la figuration au profit des représentations métaphysiques, elle déplace les objets rituels et évoque le vide et l’absence, la ruine, l’allégorie de la mort et l’érosion du monde qui s’abime : « Charivari » 2016 - « Le Pays d’en haut » Vidéo de 2013 – « L’Enfant transparent, les larmes de cire » 2021…
Au deuxième étage également, Jasmina Cibic (1979 Slovénie) met en scène les luttes du pouvoir et le vocabulaire artistique qu’elles engendrent. Dans sa présentation « Stagecraft », elle décompose le passé et propose une lecture « alternative » du présent en décortiquant dans ses films les idéologies politiques à partir de documents d’archives. Elle s’interroge sur les stratégies politiques qui se cachent derrière l’utilisation desarts, d’où la marge de manœuvre limitée pour les artistes (« Le Mandarin merveilleux », une installation conçue comme un décor de théâtre). Elle décrit aussi le contexte difficile de la guerre froide entre les blocs Est et Ouest. Le scénario de son dernier film « Gift » (2019-2021) suit trois hommes qui personnifient la résistance contre la déliquescence des relations humaines et la montée des nationalismes.
Dans la vaste salle du dernier étage, l’on découvre les performances de Marina Abramovic (1946 Yougoslavie) et Ulay (1943 Allemagne), les pionniers de la performance en Europe, dont toute l’œuvre commune réalisée entre 1976 et 1988 appartient à la collection du musée. 22 performances mettent en scène deux artistes assis et immobiles : « Night Crossing » 1981-1988 – « AAA AAA » 1978 – « The Lovers : The Great Wall Walk » 1988…
Une exposition qu’il faut voir et revoir pour appréhender et apprécier les œuvres de ces cinq femmes-artistes dont les techniques cinématographiques très personnelles couvrent les différentes catégories de la création vidéo.
Brigitte Roussey