19 Décembre 2021
Paris - Exposition
Musée Jacquemart André
Jusqu'au 24 janvier 2022
Le Musée Jacquemart André tente actuellement d’éclaircir les zones d’ombre qui entourent encore la vie et l’œuvre du grand peintre italien Botticelli (1445-1510) avec une exposition remarquable « Botticelli : artiste et designer ». La carrière artistique de Botticelli a été profondément liée à l’évolution de la vie à Florence au cours de la deuxième moitié du XVème siècle et au tout début du XVIème. Maître de la Florence des Médicis, il le restera jusqu’à l’hégémonie de Rome au début des années 1500 et de ses grands artistes comme Raphaël et les Michelangelo. Peintre emblématique de la Renaissance italienne, Botticelli est mort dans la misère et oublié.
Grand dessinateur et peintre de génie, Alessandro Filipepi dit Botticelli est né en 1445 à Florence. Il se forme tout d’abord chez un orfèvre avant de rejoindre vers 1460 l’atelier de Fra Filippo Lippi, l’un des grands représentants de la peinture du Quatrocento. Il apprend à ses côtés la technique de la peinture de chevalet et celle de la fresque. En 1467 il fréquente l’atelier du sculpteur Andrea del Verrocchio où il croise Léonard de Vinci. L’élève est doué aussi représente-t-il très vite de belles scènes religieuses et des Vierges à l’Enfant. Enfin il décide d’ouvrir son propre atelier dans la maison familiale où il met au point son style très personnel, précis et raffiné.
L’homme était sympathique, jovial même, ce qui lui a permis de s’entourer facilement d’artistes aux différents savoirs. Cependant il choisit de se concentrer sur la pratique du dessin et de la peinture. Il aime représenter des femmes aux formes ondoyantes, sensuelles, marquées par des gestes précieux qu’il reprend dans ses figures bibliques, allégoriques et mythologiques. On note qu’avec les années il adoucit ses figures féminines aux cheveux retenus autour de leurs têtes qui s’inclinent avec douceur. Ses personnages sont d’une beauté intemporelle teintée d’une certaine mélancolie. Botticelli a peint de nombreuses scènes religieuses, mais aussi des sujets historiques pour les demeures des Florentins. À la fin des années 1480, il est très marqué par l’influence des sermons violents et apocalyptiques du moine Savonarole qui sévit à Florence. A-t-il adhéré à ce mouvement ? La question se pose encore ! Son style évolue alors vers un tassement des formes et l'on note l’apparition d’une certaine gravité dans ses représentations maintenant épurées.
Comme beaucoup d’artistes à cette époque, Botticelli se sert de modèles. En effet il conserve dans ses livres un large répertoire de figures qu’il réutilise en les adaptant à la technique et au support utilisés. Cet usage répétitif de modèles engendre une certaine innovation pour ne pas lasser les commanditaires.
On peut caractériser son style par l’utilisation précise de la ligne, par le rendu parfait de la perspective, par les volumes nettement agencés et par une palette extrêmement raffinée. Botticelli ne peint pas seul ses compositions car, dans son atelier, il s’entoure d’assistants qui exécutent les tâches qu’il leur répartit, la composition étant bien sûre élaborée par ses soins, pouvant aussi intervenir au cours de la réalisation de la commande. Il faut noter que la notion d’œuvre « originale » n’était pas la même au XVème siècle qu’aujourd’hui !
L’exposition au parcours chronologique et thématique, se déroule dans les petites salles « intimistes » du musée. Elle réunit une quarantaine d’œuvres majeures de Botticelli, accompagnée par quelques peintures de ses contemporains Florentins. Ne pouvant citer ici toutes les œuvres, notons au fil des salles les plus marquantes : « La Vierge à l’Enfant, dite Madone Campana » 1467-70 – « Vierge à l’Enfant soutenu par un ange sous une guirlande » 1460-65. Puis une très belle « Etude de figure féminine (Pallas-Minerve) » plume et encre noire – « Le Couronnement de la Vierge avec Saint-Juste de Volterra » 1492 – « La Vierge du Magnificat » 1484-85 – « Le Jugement de Pâris » vers 1482-85. Quelques beaux portraits dont celui de « Julien de Médicis » vers 1478-80 ou « Portrait de Michele Marullo Taracaniota » vers 1478-80 également. Enfin la « Vénus Pudica » vers 1485-90 et la « Vierge à l’Enfant dite Madone au livre » 1482-83... Autant de chefs-d’œuvre rarement réunis !
Une exposition exceptionnelle riche de prêts d’institutions prestigieuses, qui consacre un peintre de génie, un représentant majeur de la fin du Quartrocento.
Brigitte Roussey