19 Janvier 2022
Lyon - Exposition
Musée des Beaux-Arts
Jusqu'au 7 mai 2022
La vie, la mort, l’existence terrestre, le temps qui passe, la futilité des hommes…Autant de thèmes évoqués dans la grande exposition du Musée des Beaux-Arts de Lyon qui, du Moyen-Âge jusqu’à nos jours, rappelle au-travers une sélection d’œuvres remarquables, que toute vie humaine a une fin. Des oeuvres emblématiques du musée cohabitent avec des œuvres majeures du Musée d’Art contemporain de Lyon : des danses macabres, des scènes de genre, des natures mortes, des peintures d’histoire, des bouquets de fleurs. L’exposition rend compte aussi de la réflexion qu’ont menée de nombreux artistes pendant plusieurs siècles sur la mort et la vie, en instaurant un dialogue très constructif entre les œuvres présentées.
La peinture de vanité est un genre de nature morte habitée de symboles, une représentation allégorique de la mort et du temps qui passe, suggérée par la présence dans les tableaux de livres, instruments de musique ou de science, d’art, d’argent, de bijoux, chandelles, sabliers, tulipes, pipes, papillons ou miroirs, des crânes humains nombreux, des fleurs fanées…
Apparue dès le Moyen-Âge avec des représentations de danses macabres qui symbolisaient la dureté de la vie à cette époque, la peinture de vanité s’épanouit au XVIIème siècle grâce aux peintres baroques hollandais qui décrivaient les âges de la vie en introduisant souvent des crânes humains dans leurs compositions. Le genre de la vanité disparait presque totalement au XVIIIème siècle pour réapparaître au XIXème avec certains peintres dont Cézanne (« Nature morte, crâne et chandelier » ou Van Gogh (« Crâne de squelette fumant une cigarette »). La violence des deux guerres du XXème siècle entraîne un renouvellement des valeurs et du rapport à la mort, modifiant ainsi la peinture de vanité qui s’affranchit de toute convention (Damien Hirst ou Philippe Pasqua). Ce changement d’idéologie rejette la religion qui s’efface devant les sentiments de l’artiste, pour devenir ainsi plus subjective. Les codes sont modifiés mais les thèmes principaux de la vie et de la mort sont conservés.
L’exposition partagée en dix séquences, réunit plus de 160 œuvres : des estampes, gravures, dessins, peintures, sculptures et installations. Dès le début de la visite le visiteur est interpelé par une mise en scène macabre de squelettes d’Hendrick Hondius dit l’Ancien 1610. Au fil des salles notons « Un jeune enfant » 2020 d’Edi Dubien, puis un ensemble étonnant de têtes de mort présenté à même le sol, d’Eric Dietman, 1985-86. En poursuivant la visite, les « Vanités » de Simon Renard de Saint André, 1650, et de Jean-Philippe Aubanel, 1994, ainsi que le "Janus" d’Etienne Martin. Un peu plus loin la « Vanité » de Pablo Picasso, 1946 dialogue avec celle de Patrice Giorda, 1952. La sixième section de l’exposition réunit les peintures traitant de la méditation : « Saint Jérôme » 1654 d’Hendrick de Sommer ou « Jeune femme à sa toilette » 1626 de Nicolas Régnier.
À l’étage « Singe, singe, swing » de Carmelo Zagari et « Vase de fleurs sur une table de marbre » 1781 de Paul Théodor Van Brussel. De Miquel Barcelo « Les Termites – fruits pourris » 1994. Enfin la dernière salle évoque le monde animal : de Francis Bacon « Carcasse de viande et oiseau de proie » 1980 ou d’Antoine Berjon « Un coq suspendu » 1810.
Une exposition courageuse et remarquablement illustrée qui invite ses visiteurs à réfléchir sur le temps qui passe, sur la futilité des plaisirs de la vie et sur son prix, mais aussi sur sa beauté !
Brigitte Roussey