1 Février 2022
Lyon - Exposition
Galerie Michel Estades
Jusqu'au 5 mars 2022
Après la puissance des peintures ébouriffantes de Thierry Loulé, la galerie Michel Estades présente actuellement un bel ensemble de peintures et de pastels de Charles Malle (1925), une véritable bouffée d’air frais dans le contexte morose d’aujourd’hui. Chaque œuvre est rêvée par le peintre qui se souvient des joies de son enfance et de l’émerveillement qu’il a eu, adolescent, en découvrant Paris. Il commence par dessiner sur ses carnets des petits croquis avant de réaliser des pastels, des aquarelles très lumineuses et de nombreuses peintures de paysages hors du temps qui racontent, pour la plupart d’entre eux, la vie parisienne dont il se souvient.
Charles Malle est un homme du Nord car il est né à Douai en 1925. Sa famille est modeste, mais malgré les difficultés matérielles, elle l’encourage à suivre son penchant pour l’art. Il est envoyé en vacances à Paris chez ses tantes où il est vite ébloui par la Capitale, par les gens, l’ambiance et la lumière. Il part en Belgique suivre les cours de l’école des Beaux-Arts de Saint-Luc-de-Tournai et, pendant ses deux années d’étude, il fréquente les musées où il découvre l’art flamand et ses paysages enneigés animés de petits personnages. L’univers de Bruegel l’influencera durablement. Il termine ses études à l’École Nationale Supérieure des Arts et Industries textiles de Roubaix dont il sort diplômé. Comme ses professeurs ont décelé chez lui un réel talent, ils l’encouragent à persévérer dans cette voie.
Le peintre observe attentivement ce qui l’entoure en gardant toujours une vision poétique de la réalité. Il transforme ainsi tout ce qu’il voit en autant d’images personnelles qu’il s’approprie en les adaptant à ses souvenirs. Sa technique est parfaite. Il peint à l’huile sur toile, au pinceau, en cernant souvent ses motifs d’un trait sombre que l’on voit s’estomper avec les années, les pastels étant moins surlignés. Ses compositions bien construites privilégient les obliques, les verticales et les horizontales, une perspective parfois « personnalisée » et des rues et des fleuves qui fuient vers le fond du tableau. Tout semble solide mais tellement poétique ! Sa palette généreuse aime les blancs crémeux pour la neige qu’il affectionne, les ocres pour les arbres aux couleurs d’automne ainsi que pour certains éléments d’architecture. Les petits personnages aux visages juste ébauchés sont silhouettés tandis que les voitures d’un autre temps sont celles de son enfance. L’ambiance des tableaux est gaie, presque enfantine, même si l’on peut ressentir parfois çà et là une certaine nostalgie. L’artiste affirme qu’il s’amuse en peignant car « la peinture n’est pas pour moi un refuge mais une possibilité de chanter toutes les beautés de l’existence, passées et présentes ».
À gauche en entrant dans la galerie, une grande HST : « Le Canal de l’Ourq »2019, dialogue avec une lumineuse « Fête nationale ». Un peu plus loin un beau pastel : « La Seine à Charenton » ainsi que « Les Péniches à Notre-Dame » adoucies par l’ocre de la cathédrale. Une série d’huiles sur toiles dont l’une, peinte à Lyon, est exceptionnelle dans l’œuvre de Malle : « Bord de Saône quai Rambaud ». En poursuivant la visite, « Le Chatelet, bord de Seine » dont les reflets vert tendre jouent avec les orangés des arbres du bord de l’eau – « Station de métro Crimée »…
Les paysages enneigés peuplés de petits personnages qui vivent devant nous, les pastels raffinés, autant d'oeuvres qui offrent aux visiteurs gaité, bonheur et optimisme. Une belle exposition où il fait bon déambuler.
Brigitte Roussey