Une pluralité d'expressions artistiques au MAC de Lyon

Lyon - Exposition

Musée d'Art contemporain

Jusqu'au 10 Juillet 2022

Une vue de l'exposition de Mary Sibande : La Ventriloque rouge

Le Musée d’Art Contemporain de Lyon débute sa saison avec quatre expositions simultanées d’artistes français et internationaux prometteurs ou reconnus. Cette mixité d’expressions permet au public de comparer les styles, les techniques et l’originalité des créations de chacun et de comprendre leurs approches quelque peu politiques et sociétales.

Ces quatre expositions occupent trois niveaux du bâtiment.

La troisième édition de Crossover présentée dans la mezzanine, réunit une sélection d’œuvres de David Posth-Kohler et Bruce Nauman.

Le deuxième étage accueille deux expositions dont l’une, « Little Odyssée », pensée par un groupe d’étudiants de l’Université Lyon 3 est plus particulièrement destinée aux enfants. Les œuvres présentées sont issues de la collection du MAC. La seconde exposition monographique est celle de l’artiste tunisien Thameur Mejri.

Enfin l’installation monumentale de Mary Sibande est exposée au dernier niveau.

« Une histoire de famille », la cinquième exposition, occupera dès le 20 avril, le premier étage laissé libre du musée.

De bas en haut, dans la mezzanine, quelques sculptures de l’artiste-voyageur David Posth--Kohler (1987). Artiste émergent, ses œuvres, dont Sténos ainsi que des têtes caricaturées sculptées issues de la société, entrent en résonnance avec celles de l’américain Bruce Nauman intéressé lui aussi par les synergies induites par le corps.

Au deuxième niveau : Arrangement 1991 de Ange Leccia couvre le sol de l’entrée de l’exposition « Little Odyssée », conçue comme un parcours sensoriel partagé en trois parties. Notons aussi

A Piece for Charlotte 1972-73, un mobile sonore de l’artiste américain Jo Jones (1911-1985). Au même niveau, les œuvres peintes de Thameur Mejri (1982 Tunis). Son exposition « Jusqu’à ce que s’effondrent mes veines (Etats d’urgence) » témoigne de son intérêt à brouiller les frontières entre l’intime et le public en se servant du corps humain pour définir le possible et l’interdit. Il insiste sur le décalage qui existe entre le fait politique et la vie des citoyens : États d’exception 2021 et States of Emergency II, 2020.

Thameur Mejri - "States of Emergency 2" 2020

"Jusqu'à ce que effondre mes veines. Etats d'urgence " de Thameur Mejri

La Ventriloque rouge 2022, de la Sud-africaine Mary Sibande (1982), occupe tout le plateau du troisième étage. L’artiste s’appuie sur la puissance évocatrice, symbolique et politique de la couleur tel le bleu et le pourpre, pour raconter les conditions de vie des femmes noires sud-africaines et la ségrégation raciale toujours d’actualité. L’exposition et son titre : « la Ventriloque », ou celle qui prête une parole à ceux qui n’en ont pas, associent le sentiment de colère à un chien rouge et à des spécimens d’animaux menaçants installés sur les gradins de la structure en bois de l’installation spécialement fabriquée pour l’exposition.

"La Ventriloque rouge" de Mary Sibande. 2022

Une partie de "La Ventriloque rouge". 2022

La visite terminée, le visiteur reste intéressé ou contriarié par le symbolisme politique, sociétal et critique des œuvres. Des enfants sont-ils en mesure d’apprécier ce qu’ils découvrent dans l’exposition qui leur est destinée ; de même, un large public peut-il être sensibilisé par les nombreuses œuvres hermétiques ? Là sont les questions que l’on se pose devant des œuvres qui ne s’intéressent plus à la beauté, ni à la sérénité ou au bonheur mais plutôt à la colère, à la vengeance et à l’agressivité !

Brigitte Roussey