29 Mars 2022
Bourg-en-Bresse - Exposition
Musée royal de Brou
Jusqu'au 26 juin
La nouvelle exposition du Musée royal de Brou étudie les moments importants qui ont marqué les XV° et XVI° siècles des anciens Pays-Bas bourguignons. Elle explore les vies mouvementées des souverains, ponctuées de rivalités familiales, d’histoires sentimentales, de luttes de pouvoir, de mariages et même d’assassinats. La quarantaine d’œuvres présentée, de style « troubadour », illustrent un courant artistique qui est né au début du XIX° siècle et qui a préfiguré le Romantisme. Les artistes et les écrivains « troubadours » ont repris des sujets traités au Moyen-Âge en les idéalisant et en insistant sur le pittoresque. Ils rejettent le rationalisme néo-antique de la Révolution en se tournant vers un passé chrétien glorieux.
Le terme « troubadour » a été employé dès la fin du XIX° siècle pour des œuvres réalisées sous l’Empire (1805-1815) et surtout sous la Restauration (1815-1830). Le style troubadour, appelé aussi néo-gothique, rompt avec le goût néo-classique dominé en France par le grand peintre David et par la parution du Génie du Christianisme de Chateaubriand qui a incité les artistes à se tourner vers la religion chrétienne. Les peintures dites troubadour, généralement de petit format, sont à mi-chemin entre la peinture d’histoire et la scène de genre. Elles ne décrivent pas les grands évènements de l’histoire mais plutôt des anecdotes édifiantes dans une mise en scène très théâtrale, rendue avec une touche le plus souvent lisse. Ce style qualifié de troubadour en peinture et de néo-gothique en architecture et pour les arts décoratifs, se différencie aisément de l’art médiéval bien que parfois l’authentification peut être difficile.
Le parcours chronologique de l’exposition s’attache à représenter les grands personnages de l’époque médiévale comme Marguerite d’Autriche, fille de Maximilien de Habsbourg ou Marie de Bourgogne, toutes deux à l’origine de la construction du monastère royal de Brou (1506-1532). Les premières œuvres exposées relattent le règne de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne (2° moitié du XIV° siècle), tandis que l’exposition se termine avec l’arrivée au pouvoir de Charles Quint, l’un des plus puissants souverains européens et grand rival de François 1°. Six séquences ponctuent la visite avec un bel ensemble de peintures, de sculptures et d’œuvres sur papier qui proviennent de collections publiques et privées européennes. Au fil des salles notons quelques œuvres significatives comme l’Assassinat de l’évêque de Liège 1829 d’Eugène Delacroix – Le Naufrage de Charles Quint 1824 de Pierre Nolasque Bergeret – de Louis Ricquier : Quentin Durward, Louis XI et Isabelle de Crove 1844 – Spectacle de marionnettes à la Cour de Marguerite d’Autriche 1892, de Willem Geets - d’Auguste Mathieu : François 1° visitant l’église de Brou 1843 ou encore Marie de Bourgogne à la chasse au faucon 1839-44, une sculpture de Jean-Auguste Barre, et bien d’autres œuvres qui, toutes, se tournent vers le passé.
Aujourd’hui le style troubadour est encore mal connu. Tourné vers le registre de la sensibilité, l'ensemble des oeuvres présentées préfigure la peinture romantique en anoblissant des sujets qui auraient pu être classés dans la peinture de genre.
Une exposition intéressante qui remet au goût du jour des œuvres injustement oubliées.
Brigitte Roussey