10 Mars 2022
Lyon - Exposition
Galerie Michel Estades
DU 12 mars au 7 mai 2022
Grand peintre contemporain lyonnais né à Marseille en 1925, Jean Fusaro travaille et vit dans la région lyonnaise. Très vite il a été une figure importante dans ce qu’on a appelé l’École de Lyon, avec ses amis Cottavoz, Truphémus, Couty et d’autres encore. Peintre de portraits, de paysages et d’eau, il est aussi un très bon dessinateur. En se battant pour la nouvelle peinture figurative française, il réalise une oeuvre raffinée et poétique qui est très recherchée autant en France qu’à l’étranger. Cette belle exposition de la galerie Michel Estades de Lyon réunit plus de quarante peintures accompagnées d’une mise en scène de sculptures d’artistes de la galerie.
L’homme est sympathique, avec une certaine prestance qui masque une grande modestie. Né dans une famille simple très aimante, il est vite attiré par le dessin. Après une formation à l’École des Beaux-Arts de Lyon pendant cinq ans (1941-46), il participe à de nombreuses expositions collectives comme le Salon d’Automne ou « les Peintre témoins de leurs temps », et organise sa première exposition monographique à Lyon, en 1947. En 1948 il participe à celle du lycée Ampère où il formera le groupe « Sanzisme », avec ses amis André Cottavoz, James Bansac, Jacques truphémus et Pierre Coquet. Ce groupe ne se réfère à aucun mouvement artistique, son nom même signifiant avec humour le refus des courants artistiques qui se terminent par « isme ». De nombreuses récompenses viennent saluer son travail comme le Prix Fénéon en 1953 et le Prix de la Ville de Marseille en 1957. À partir de 1990 et pendant 10 ans Fusaron réalise de nombreuses peintures murales monumentales, 19 peintures pour l’église de Saint-Jacques- des-Arrêts, dans le diocèse de Lyon. Il livre la première partie en 1999.
Jean Fusaro réalise quelques portraits mais surtout il excelle dans la réalisation de paysages animés de personnages silhouettés : Sous l’averse à Venise, avec sa composition en plans parallèles qui conduisent le regard, dans un dégradé de couleurs, vers l’autre rive du canal. La Seine à contre-jour, aux couleurs plus sombres – Le merveilleux Songe hivernal, infiniment raffiné et poétique – Vue du pont (Auxerre) et son enchevêtrement de maisons – La colline (Croix-Rousse), évanescente et magique… et d’autre encore. C’est au pinceau et au couteau qu’il pose sur sa toile des multitudes de touches qui s’entrechoquent et des taches colorées qui vibrent sur la surface. On pense à l’écriture de Raoul Dufy et à Bonnard aussi. Sa matière est travaillée, surtout dans les années 1960, puis elle s’allège pour devenir plus lisse. Sa palette fraîche est dominée par des camaïeux de gris, de blancs bleutés, de bleus soutenus, mais aussi de rouges et d’ocres. Ses couleurs sont toujours choisies en fonction de la lumière de l’instant, une lumière qui s’échappe de la matière, de l’intérieur du motif. Bon dessinateur, Fusaro dessine ses sujets sur ses fonds très travaillés, en les appuyant d’un trait fin sombre qui leur donne du relief. Son dessin devient plus précis et les motifs plus nets au fil des années.
À l’étage inférieur de la galerie, notons l’étrange Automne en Languedoc et Boulevard de Paris dont la construction dansante accentue l’animation de la rue.
Grand maître de la peinture figurative française, Jean Fusaro n’en finit pas de charmer son public en leur livrant un peu de son âme et de ses émotions tantôt joyeuses, tantôt angoissées, toujours avec poésie et mystère. Une belle exposition à voir jusqu’au 7 mai 2022
Brigitte Roussey