Eric Poitevin photographe honoré à Lyon

Lyon - Exposition

Musée des Beaux-Arts

Jusqu'au 10 juillet 2022

Le Musée des Beaux-Arts de Lyon a invité le photographe Eric Poitevin à travailler pendant quelques mois sur les œuvres de sa collection. À partir de celles qu’il a choisies, ce dernier montre le nouveau regard qu’il leur a porté en cherchant à les faire dialoguer avec ses photographies qui interpellent les visiteurs tant elles sont étonnantes !

Eric Poitevin est l’une des figures les plus importantes de la photographie contemporaine.

Né dans la Meuse en 1961, Eric Poitevin est très vite attiré par le tirage photographique grâce au pharmacien de son village situé dans une région ravagée par les combats de la première Guerre Mondiale, ce qui l’a profondément marqué.

L’homme est sympathique et ouvert. Il aime travailler en séries comme si un seul cliché ne lui suffisait pas pour exprimer ses pensées et ses émotions, mais plutôt pour l’aider à construire mentalement ses images.

Il photographie « à la chambre », une technique difficile qui l’oblige à utiliser un matériel lourd et à tenir un long temps de pose. Que ce soit pour réaliser ses portraits, ses nus, ses paysages avec arbres et roseaux, ses natures mortes et ses animaux, il réfléchit longuement à ce qu’il veut montrer, puis isole l’objet ou l’image afin de créer son propre espace vidé de tout artifice. Réalisés sous une lumière zénithale, ses cadrages sont le plus souvent frontaux et ses tirages aux fonds toujours blancs, sont exposés sans cadres ni titres.

L’exposition présente 11 séries de photographies, pour certaines inédites, qui sont mises en résonnance avec les quelques œuvres « classiques » sélectionnées.

À droite en entrant, le parcours débute avec la série des « Cranes », un clin d’œil à l’exposition « Vanités » du musée, suivie par celle des « Voiles de visée » qui évoque des drapés. Puis ce sont les « Roseaux » aux formes longilignes.

Dans la petite salle suivante, plusieurs clichés réalisés à partir du Saint François de Francisco Zurbaràn, de la même taille que la peinture, des images intermédiaires qui ont permis à l’artiste de parvenir au tirage souhaité. Un peu plus loin ce sont les « Nus » puis les « Paysages d’Ecosse » saturés de verdure. Viennent ensuite les séquences des « Chants », des « Portraits » et des « Fleurs ».

La petite salle suivante réunit quelques natures mortes de petit format, photographiées avec un téléphone portable choisi pour son immédiateté.

La dernière salle est réservée aux animaux : des oiseaux morts ramassés au hasard, mis en regard avec deux petites huiles sur toile dont l’une est de Jean-Pierre Bidault (1745-1813). L’autre partie de la salle est dédiée à la chasse. Deux grandes photographies montrent deux animaux tués, pendus, se vidant de leur sang, accrochées près de l’immense peinture de Frans Snyders (1579-1657) : Table de cuisine avec gibier et légumes.

Frans Snyders: "Table de cuisine avec gibier et légumes"

La grande photographie du Cerf couché, aux yeux ouverts pleins d’effroi et de souffrance, est la plus émouvante.

Au fil des salles on voit qu’Eric Poitevin a voulu jouer avec quelques références « classiques », mais sans leur accorder une quelconque filiation. Au-travers de ses photographies, il dévoile à son public un peu de ses « certitudes » et de ses « ouvertures des mondes », toujours avec beaucoup de poésie.

Une exposition qui ne laisse personne indifférent !

L’on peut voir aussi quelques photographies de l’artiste présentées simultanément dans l’exposition du MAC de Lyon

Brigitte Roussey