17 Octobre 2022
Lyon - Exposition
Fondation Renaud, Fort de Vaise
Jusqu'au 23 décembre 2022
La nouvelle exposition de la Fondation Renaud, au Fort de Vaise, est dédiée au peintre lyonnais Patrice Giorda (1952). « Ce mystérieux visage – Portraits et figures », est l’évènement culturel important de l’automne à Lyon.
On connait sans doute plus les paysages forts et puissants du peintre que ses portraits peu exposés, dont la présence étonnamment vivante, dévoile les interrogations fondamentales qui le hantent : « Qui sommes-nous face à l’autre » ?
Patrice Giorda est né à Lyon en 1952. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Lyon (1973-1978), il voyage en 1984 à Florence puis à Dresde et surtout à Madrid où il visite le Prado et où il découvre fasciné, les peintures du Greco, de Velasquez, de Zurbaràn et de Goya. On trouve d’ailleurs des souvenirs dans sa peinture. Grâce à sa rencontre en 1982 avec le grand galeriste parisien Daniel Templon, il peut participer à de nombreuses expositions à Paris, en Suède et aux États-Unis ainsi qu’à des Biennales. Il est lancé ! Toujours en quête d’étudier et de saisir l’autre, c’est au-travers de ses portraits qu’il traduit l’importance pour lui de ces échanges.
La peinture de Patrice Giorda, puissante et contrastée, privilégie les ambiances crépusculaires d’où jaillit une lumière dorée qui construit et délimite l’espace de la toile. Sa palette est souvent sombre : des noirs profonds, des jaunes, des verts, des rouges et des bleus posés en gestes larges d’une touche étirée à la brosse. Il travaille sa matière pour qu’elle laisse jouer la lumière à sa surface, une lumière qui arrive par les côtés, en donnant du relief aux motifs par ses jeux d’ombres qui intensifient les contrastes des couleurs.
L’exposition réunit chronologiquement un bel ensemble de 150 dessins et peintures : des autoportraits et des portraits peints et dessinés, ainsi qu’une série de peintures de personnages interprétés par l’artiste à partir d’œuvres de Vélasquez. Cette série de 16 toiles qui lui a demandé plus de 18 mois de travail, n’a jamais été montrée au public.
Quelques très beaux portraits accueillent les visiteurs. Les autoportraits sont exposés dans une petite salle voisine : quatre dessins et quatre huiles sur toile qui dégagent une atmosphère presque irréelle. L’on y voit Patrice Gioda en buste, qui observe avec attention les spectateurs : Les rôles sont ici inversés ! Puis ce sont les portraits qu’il a réalisés en prison lors de ses visites hebdomadaires pendant plusieurs mois (Le Faussaire). Dans la grande salle surélevée : « les chantiers de Velasquez », c’est avec stupeur que l’on découvre la magnifique série des portraits inspirés d’œuvres du peintre espagnol. Trois Papes, des Enfants, l’Infante, le Roi rouge, le Prince Baltazar…
Au sous-sol sont présentées les figures humaines, des figures souvent sans visages : L’artiste et son fils Gabriel enfant puis adulte, le jeu de la toupie, quelques nus dessinés, exceptionnels dans l’œuvre de Giorda, et enfin de très nombreux portraits au fusain des employés d’une entreprise.
Patrice Giorda est un homme habité par ses émotions et en perpétuel questionnement sur notre place face à l’autre. Aussi sommes-nous interpelés en constatant devant ses peintures, la dualité d’un grand artiste qui peint avec puissance et qui joue avec les couleurs et la lumière, mais qui ne livre qu’avec pudeur sa vision des choses, en exprimant peu ses sentiments.
Une magnifique exposition à voir très vite !
Brigitte Roussey