22 Mars 2023
Paris - Exposition
Centre Pompidou
Jusqu'au 12 juin 2023
Avant sa fermeture pour travaux, le Centre Pompidou consacre une exposition exceptionnelle à la grande sculptrice française Germaine Richier (1902-1959). Connue surtout pour ses dix dernières années de travail, son œuvre prolifique et originale dévoile un univers peuplé d’images hybrides mi- animales, mi -végétales, où l’homme occupe une place essentielle, toujours en symbiose avec la nature.
L’exposition reconsidère globalement l’œuvre de Germaine Richier en réparant une injustice car sa sculpture a été trop longtemps considérée comme un art cruel, témoin de temps troublés. L’hommage qui lui est rendu aujourd’hui témoigne de la puissance de son travail, de ses continuelles recherches et de ses expérimentations sur de nombreux matériaux, sur la couleur et sur l’espace.
Plus de 200 œuvres, sculptures, gravures et dessins, occupent tout le sixième étage du musée. En suivant la chronologie des oeuvres, le parcours se partage en 5 séquences qui illustrent les débuts de l’artiste, ceux des années 1920-1930, pendant lesquels elle se consacre aux portraits et aux nus,
jusqu’à l’œuvres ultime : le Couple peint de 1959. La plupart des sculptures sont en bronze, patiné foncé ou naturel nettoyé, de petites et de grandes dimensions.
L’enfance de l’artiste passée au milieu des vignes et de la garrigue dans la région de Montpellier, a influencé ses recherches car, très vite, elle s’intéresse aux plantes et aux insectes qu’elle y découvre. Elle décide de se consacrer à la sculpture après avoir admiré les sculptures romanes du cloître Saint-Trophime d’Arles. Arrivée à Paris en 1926, elle se forme dans l’atelier d’un élève de Rodin, puis dans celui du sculpteur Bourdelle qui l’initie à la technique de la taille directe. Elle y rencontre Giacometti et Vieira da Silva. La guerre pendant laquelle elle s’est exilée en Suisse, provoque une rupture dans son travail car c’est à partir de cette période qu’apparait dans son œuvre la figure hybride (La sauterelle 1944 – la Mante 1946). Son retour à Paris en 1946 est marqué par une grande créativité et de nombreuses expositions dans les grandes institutions comme la Biennale de Venise (elle y expose en 1952 18 sculptures). Son art est maintenant reconnu mondialement. En 1950 elle réalise le Christ souffrant pour l’église Notre- Dame de-Toute-Grâce du plateau d’Assy. Ne faisant pas l’unanimité auprès des croyants, il est retiré du chœur de l’église à la demande de l’évêque d’Annecy. S’enchaînent alors les commandes et les récompenses, ainsi que les participations à des manifestations artistiques prestigieuses. Sa carrière est brutalement stoppée en 1954 par la découverte d’un cancer qui l’affaiblira jusqu’à sa mort à Montpellier, le 31 juillet 1959.,
Germaine Richier modèle la terre, utilise parfois le plâtre qu’elle rigidifie avec de la filasse, mais privilégie le bronze. Le modelé de ses sculptures est expressif et accidenté, laissant la lumière jouer sur ses aspérités. C’est volontairement qu’elle donne un aspect "d’inachevé" à ses œuvres qu’elle creuse, qu’elle malaxe et qu’elle déchire pour que rien n’y soit figé, les rendant ainsi vivantes dans l’espace qui les entoure. Ses personnages ont les membres longs ; leurs bustes sont souvent importants, et certaines des créatures peuvent porter des ailes : La Mandoline 1954 ou d’autres attributs étranges.
Tout au long du parcours quelques œuvres retiennent peut-être plus notre attention comme L’Escrimeuse. Bronze patiné foncé 1943 – l’Orage 1947-48 et l’Ouragane 1948-1949, bronze patiné foncé -
Le Cheval à six têtes, petit. Plâtre et filasse 1955 ou 1956 – La Ville, Plomb et huile sur plomb 1952 – Trio 1 ou la Place. Bronze patiné foncé 1954 – Femme-sein. Bronze 1955 et tant d’autres sculptures que les visiteurs venus nombreux, découvrent avec curiosité et admiration.
Une exposition remarquable qui montre à son public la place tenue par Germaine Richier, magicienne du bronze, dans l'histoire de la sculpture moderne.
Brigitte Roussey