Le soleil de William Turner à Martigny (Suisse)

Martigny - Exposition

Fondation Pierre Gianadda

Jusqu'au 25 juin 2023

Départ pour le bal (San Martino) HST 1846

24 ans après sa magnifique exposition « Turner et les Alpes », la Fondation Pierre Gianadda consacre une nouvelle exposition à l’œuvre solaire du grand paysagiste anglais William Turner (1775-1851). "The Sun is God", le titre de l'exposition, se penche sur la fascination du peintre pour les phénomènes météorologiques et atmosphériques en présentant à son public un ensemble exceptionnel d’huiles sur toile, de gouaches et d’aquarelles.

Lever de soleil. pêche au merlan à Margate. Aquarelle 1822

Turner est né à Londres en 1775 et très vite, il se fait remarquer pour ses dons pour le dessin. Dès 1789 il est admis à l’école de la Royal Academy dont il suit la formation jusqu’en 1793. Puis il voyage en Grande-Bretagne, en France et en Suisse car il veut découvrir de nouveaux horizons qui lui serviront de sources inépuisables d’inspiration. Il s’éteint en 1851 et est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul.

Paysage avec eau. HST 1840-1845

L’exposition se déroule sur le pourtour et dans la grande salle circulaire de la Fondation. Elle réunit plus d’une centaine de chefs-d’œuvre de la jeunesse de l’artiste, vers 1790, jusqu’aux œuvres matures des années 1840, pour la plupart prêtés par la Tate Gallery de Londres. Son parcours, à la fois chronologique et thématique, se divise en 7 sections qui permettent aux visiteurs de suivre l’évolution de la peinture de Turner et la puissance de ses obsessions atmosphériques. Ses aquarelles lui assurent rapidement le succès car, grâce à cette technique, il parvient à saisir l’expression, à capturer l’instantané des forces de la nature et la fulgurance des rayons du soleil, dans une alchimie de couleurs et de lumière.

Mer agitée avec épave en flamme. HST 1835-1840

Le Saint-Gothard. Aquarelle sur papier 1806-1807

Turner aime travailler en plein air en réalisant des croquis qu’il utilise ensuite dans son atelier pour peindre ou dessiner des œuvres qu'il complète parfois par des récits mythologiques ou historiques imaginés. Il ne se lasse pas d’observer la nature : le ciel incandescent, la mer déchaînée, les orages ou les plaines calmes, mais aussi les humains : les agriculteurs, les marins ou les soldats, toujours baignés dans une lumière si importante qu’elle finit par couvrir la réalité. Il ne construit pas ses espaces car il préfère laisser vagabonder ses rêves et ses visions poétiques en autant de variations qu’il organise par les couleurs et la lumière, le soleil occupant une place centrale dans son œuvre.

Newcastle-on-Tyne. Gravée par Thomas Lupton. 1823

Phares de la Hève. Gouache et aquarelle sur papier. Vers 1832

Au début du parcours, notons dans la première section Le Pont du Diable vers 1802, mine de plomb, aquarelle et gouache, et Mer orageuse avec épave en flamme, vers 1834-40 HST. Dans la section suivante Bacchus et Ariane, HST 1840 puis La Grève du Duddon, mine de plomb et aquarelle sur papier, vers 1825-32. Dans la section 4, on reste un moment devant Départ pour le Bal, une HST de 1846. La section 5 réunit 5 peintures, les joyaux de l’exposition : Paysage avec eau, HST vers 1840-45, et, un peu plus loin, le Lac de Buttermere HST 1798. La visite se termine sur un ensemble d’études qui montrent certaines évolutions atmosphériques car l’artiste peint maintenant la brume provoquée par la vapeur d’eau mêlée à de la pollution en enveloppant de plus en plus ses motifs. Citons l’aquarelle sur papier le Mont Saint-Gothard, vers 1806-07 - Les phares de la Hève, vers 1832 et enfin New castel-on-tyne, gravée par Thomas Lupton.

Une exposition remarquable où l’on voit le pouvoir sublime de la lumière solaire ouvrir une parenthèse poétique dans l’œuvre du plus romantique des précurseurs de l’Impressionnisme, l’immense peintre anglais William Turner.

Brigitte Roussey