Camille Llober honorée à Villeurbanne (69)

Villeurbanne - Exposition

Institut d'art contemporain : IAC

Jusqu'au 28 main 2023

L’IAC de Villeurbanne consacre sa nouvelle exposition à Camille Llobet (1982), une artiste qu’il connait bien puisqu’il suit son travail depuis plus de 10 ans : « Fond d’Air », le titre de l’exposition, propose une vision de son œuvre axée sur l’humain, mais vu de l’intérieur. Elle réunit des oeuvres anciennes et une sélection de ses vidéos récentes, présentées dans les espaces structurés des 9 salles où se déroule l’exposition.

Camille Llobet travaille à partir du son et du bruit qu’elle utilise comme vecteurs d’expression pour transmettre ses messages et ses émotions. Le silence qui entoure les projections est « habité », vivant, les nombreux bruits de fond variant selon les tournages. L’exposition se présente en fait comme un studio d’enregistrement qui invite les visiteurs à découvrir de multiples sons différents.

Pour la première fois dans son travail, l’artiste s’intéresse à la haute montagne qu’elle aime et où elle habite, pour s’immerger dans un environnement naturel comme la neige et les parois rocheuses. Elle veut aussi montrer les évolutions d’un milieu aussi « grandiose que menacé » ». Camille Llobet décrit, interprète, observe les corps, mais avec la montagne c’est différent car elle exprime avec elle sa relation à l’humain. La montagne n’est plus alors un paysage mais un sujet à explorer. Avec beaucoup de talent, elle dévoile la beauté de l’inconnu, du singulier, en utilisant des mots, des gestes, des expressions et des mimiques d’hommes et de femmes dont tous les portraits sont d’une grande humanité.

undefined — "Voir ce qui est dit". Film couleur muet. 2016

"Faire de la musique". Vidéo-projection 2017

L’ambiance dans laquelle se déroule l’exposition est très sombre, sonore, presque envoûtante ! La première salle présente Pacheû, croquis sonores 2023, une installation sonore qui décrit la montagne, ses sommets et ses torrents. Quelques pas plus loin le visiteur est interpelé par Majelich 2018, une vidéo où Camille Llobet filme la Soprano Magali Léger à mi-corps. Cette dernière occupe tout l’écran en semblant nous parler alors qu’elle n’émet que des sons inaudibles. Dans la salle suivante, un chef d’orchestre dirige ses musiciens sans que l’on entende la musique ; seuls ses gestes sont notés : Voir ce qui est dit 2018. Puis un homme debout compose de la musique avec des gestes et des expressions justes, mais en silence : Faire de la musique 2017.

La Partition Murale Alice, ou l’art d’apprendre 2020-2023, est une immense peinture noire et grise qui occupe tout un mur d’une salle lumineuse et blanche. C’est dans la salle 9 avec Tête de couvercle 2022-2023 que se termine le parcours. Les visiteurs sont alors invités à revenir sur leurs pas et à revoir les vidéos présentées dans les 8 salles précédentes.

Une exposition insolite et intéressante qui offre à son public une possibilité d’écoutes inédites et qui place les hommes et les femmes filmés dans une mise en scène silencieuse « recomposée » et une gestuelle très expressive.

Brigitte Roussey