11 Mai 2023
Villefranche - Exposition
Musée national Paul Dini
Jusqu'au 17 septembre 2023
Le mot « Toucher » à plusieurs sens dans la langue française aussi quel peut être son rôle face à une œuvre d’art ?
La nouvelle exposition du musée national Paul Dini de Villefranche tente de répondre à cette question en instaurant un dialogue inédit entre les collections du FRAC Auvergne et du musée. Ces deux collections se complètent et se confrontent à-travers une soixantaine d’œuvres réalisées par 33 artistes.
Quelle est la place tenue par les œuvres d’art dans notre vie ? Et dans les œuvres d’art, qu’est-ce qui peut nous toucher ? En fait, tout dépend de la manière dont nous les regardons, qu’elles soient dessinées, peintes ou construites, et surtout de notre perception qui ne peut être que personnelle, subjective, et sans doute aussi influencée par notre milieu et notre éducation. De toutes les manières nous ne restons jamais indifférents devant une œuvre d’art !
L’exposition se partage en deux volets. Le premier est présenté dans le grand espace Cornil tandis que le deuxième occupe la partie centrale de la salle principale du musée.
Son fil conducteur dédié à l’enfance, part d’un jeu adoré par les enfants : le Marabout, qui rattache des mots les uns aux autres en reprenant leurs dernières syllabes. Les visiteurs sont alors invités à découvrir les styles, les similitudes et les approches différentes ou semblables des œuvres les unes avec les autres. Le parcours de la visite commence par un voyage dans l’abstraction et s’achève sur une série de natures mortes contemporaines et une épreuve numérique du sol martien.
L’artiste crée une œuvre pour son rapport avec celui qui la regarde. Ce dernier peut l’accepter dans sa forme et les messages qu’elle lui transmet, ou la rejeter s’il n’entre pas dans le monde de l’artiste, ou ne comprend pas le sens qu’il a voulu donner à son œuvre. Être « touché » par une œuvre d’art, c’est peut-être accepter d’entrer en contact avec un objet ou un motif inconnu, quelque chose d’inhabituel. Toucher ou être touché ? Nous pouvons être touché par une œuvre d’art qu’on ne peut pas toucher ! Toucher une œuvre, est une approche différente de l’oeuvre car il faut qu’elle soit à la portée du spectateur. Pour les objets précieux ou porteurs d’une histoire, on ne les touche pas et on les conserve avec soin, d’où l’intérêt des collections.
En déambulant dans les deux grandes salles de l’espace Cornil, citons quelques œuvres peut-être plus significatives : Les mangeurs, 2013, de Claire Tabouret - Les deux magnifiques paysages de Jeremy Liron : Paysage 252, 2017 et Paysage 258, 2018 exposés côte à côte. Un peu plus loin, trois petites peintures de David Wolle : Suzo n°3, Suzo n°4, Suzo n°5, 2007 – au milieu de la salle, leur faisant face,
la grande sculpture en pied, en céramique émaillée : Frère Javel, 2010 de Michel Gouéry – L’étonnante HST de Maude Maris : Ruines, 2012, mettant en scène des objets récupérés moulés en plâtre puis peints.
Dans le musée, L’Oiseau 763, 1996, d’Ernst Kapatz – et l’HST Le Code, 1992, de Marc Desgrandchamps.
Être « touché » par une œuvre c’est créer un lien avec l’artiste qui l’a réalisée. D’où la place que doit tenir l’œuvre d’art dans notre vie !
Une exposition singulière qui fait dialoguer des œuvres d’artistes d’horizons différents et qui témoigne de la richesse de deux collections remarquablement présentées
Brigitte Roussey