7 Décembre 2023
Paris - Exposition
Musée de l'Orangerie
Jusqu'au 15 janvier 2024
Après la grande exposition de la Fondation Barnes à Philadelphie (USA) l’année dernière consacrée à Amedeo Modigliani, à son tour le musée de l’Orangerie propose une exposition qui retrace l’œuvre du peintre pendant une période particulière dans sa carrière, celle au cours de laquelle son mécène et marchand Paul Guillaume a joué un rôle capital dans la diffusion de ses œuvres en France et aux États-Unis. Leur collaboration n’a duré que deux années mais elle est restée active, même après la mort de l’artiste.
L’exposition réunit plus d’une centaine de peintures, une cinquantaine de dessins et quelques sculptures, toutes les œuvres ayant transité chez le marchand Guillaume.
Peintre italien d’origine juive, Amedeo Modigliani (1884-1920) est arrivé à Paris en 1906. Attiré tout d’abord par la sculpture qu’il pratique de 1909 à 1914 auprès de son ami et conseil le sculpteur Constantin Brancusi, cette dernière le déçoit et il décide alors de se consacrer à la peinture, plus particulièrement à la représentation de la figure humaine et du nu féminin.
Au début du XXème siècle Paris est le creuset de l’avant-garde artistique qui attire de nombreux artistes français et étrangers venus profiter de l’émulation qui règne dans la Capitale. Modigliani mène une vie de bohème, la partageant entre Montmartre et Montparnasse où il rencontre Kisling, Apollinaire, Picasso, Cocteau ou Max Jacob qui lui présente le marchand Paul Guillaume (1891-1934), séduit par le travail du peintre. Alors se met en place une collaboration fructueuse entre le peintre et son marchand.
Modigliani peint essentiellement la figure humaine : cinq portraits de son marchand : Paul Guillaume, Novo Pilota. HST 1915, ceux de figures marquantes du Paris des années 10 et d’artistes (Beatrice Hasting ou Lola de Valence, 1915 – Madame Pompadour, 1915), de sa femme Jeanne Hebuterne ainsi que des modèles inconnus et de nombreux nus dont l’érotisme appuyé est jugé scandaleux (Nu couché. HST 1917-18).
On reconnait son style à la simplification des formes, à leur épuration même, et aux visages aux yeux sans pupilles ou teintés d’un bleu mystérieux (La Femme aux yeux bleus, 1918–Elvire assise, accoudée à une table, 1919) évoquant des masques. Modigliani aime l’art africain qu’il découvre avec admiration dans la galerie de Paul Guillaume lors d'une exposition de statuettes. On retrouve d’ailleurs dans nombreuses de ses œuvres l’influence de la sculpture africaine. Sans suivre les courants artistiques de l’époque, il les a approchés et a regardé le travail de certains artistes comme Cézanne dont il retient la construction des volumes, la gamme nouvelle des couleurs et la géométrisation des visages.
De santé fragile car souffrant de tuberculose, ses amis lui conseillent de s’installer avec sa femme Jeanne dans le sud de la France. Pendant son séjour il réalise quelques paysages du Midi et surtout de très beaux portraits dans lesquels on note un adoucissement des visages (Le Jeune Apprenti - HST 1917-1919) et l'allongement des cous (Hanka Zborowska dit la Blouse rose. HST 1919
Le peintre s’éteint prématurément en 1920. Il n’a que 35 ans.
Amedeo Modigliani, l’un des représentants majeurs de l’École de Paris, a été malheureusement peu apprécié de son vivant. Il est mort dans la misère malgré l’aide sans faille que lui a prodiguée son marchand et mécène Paul Guillaume. La galerie de portraits présentée actuellement au musée de l’Orangerie à Paris est exceptionnelle !
Brigitte Roussey