Expositions - Beaux-Arts
20 Juin 2024
Paris -Exposition
Musée Montmartre
jusqu'au 15 septembre 2024
C’est toujours un grand plaisir de découvrir les nouvelles expositions du musée Montmartre à Paris. Actuellement il honore Auguste Herbin (1882-1960), un peintre immense qui a marqué l’histoire de l’art moderne, du post-impressionnisme de ses débuts à l’abstraction. Injustement délaissé, cet artiste exceptionnel retrouve sa place au musée Montmartre avec sa nouvelle exposition « Auguste Hernin, le maître révélé ».
Né dans le Cateau-Cambrésis en 1882, Herbin est très vite attiré par la peinture qu’il étudie à l’École des Beaux-arts de Lille. Installé à Paris en 1901, il expose au Salon des Indépendants dès 1906 ainsi que dans de nombreuses galeries parisiennes. En 1909 il occupe l’ancien atelier de Picasso au Bateau-Lavoir avant de se tourner définitivement vers l’abstraction en 1926.
Tout d’abord attiré par l’Impressionnisme (Le Vieux pont à Bruges), il approche à partir de 1905 le Fauvisme en employant dès lors une palette très vive, une touche qui se fragmente peu à peu et des volumes qui se géométrisent sous l’influence de ses maîtres Cézanne et Van Gogh. Précurseur du Cubisme dès 1908, il rejoint Picasso, Braque, Gleizes et Metzinger avec lesquels il expose tout en orientant ses recherches sur la forme et la couleur. À partir de 1913 son travail est reconnu internationalement (Route muletière et maison à Céret. HST 1913). Son cubisme s’oriente vers plus de synthèse, où se fusionnent le fond et la forme dans des couleurs vives et contrastées
(La Famille, femmes et enfants. Hst 1914). Son nouveau marchand Léonce Rosemberg l’encourage à se tourner vers l’abstraction en assimilant les idées du Bauhaus et du mouvement De Stijl.
Les années 1918-1922 ne sont pas convaincantes car ses créations en relief et ses fresques monumentales ne font pas l’unanimité (Composition- miroir 1921). Puis on note son retour à la figuration avec des peintures aux formes nettes et précises (Les Joueurs de boules N°2. Hst 1923). Très vite ses compositions évoluent en privilégiant les courbes et les formes ondulantes qui couvrent toute la surface de la toile. (L’Homme oiseau II. 1932) et où l’on voit disparaître l’objet figuré.
De nouveau en 1939 le peintre revient aux formes géométriques et aux contrastes de couleurs. Les évolutions continuelles de son travail témoignent d’un esprit curieux et vif toujours en quête de nouveauté, qui aboutissent en 1942 à l’élaboration de son « alphabet plastique », une méthode qui marque l’aboutissement de son abstraction.
Cet alphabet établit une correspondance entre les formes géométriques, les couleurs, les lettres de l’alphabet et les notes de musique. Cette méthode sera déterminante pour le renouveau de l’art abstrait géométrique, en résumant une synthèse absolue de l’abstraction.
Le parcours de l’exposition suit toutes les étapes du travail d’Herbin. Les visiteurs sont très vite émerveillés par tant de diversité dans le style, par la vivacité et l’éclat des couleurs des peintures et par la variété des sujets et des formes.
Auguste Herbin est une figure majeure de l’art abstrait qui retrouve, grâce à cette magnifique exposition, la place qu’il n’aurait jamais dû quitter dans l’histoire de l’art du XXème siècle.
À voir absolument au Musée Montmartre à Paris jusqu’au 15 septembre 2024.
Brigitte Roussey.