Francis Bacon à Martigny (Suisse)

Martigny - Exposition

Fondation Gianadda

Du 14 février au 8 juin 2025

La Fondation Gianadda vient d’ouvrir ses portes pour une grande exposition consacrée à Francis bacon (1909-1992), l’un des peintres les plus exceptionnels du XXème siècle. Artiste d’origine anglaise, il s’est tenu volontairement éloigné de l’abstraction qui dominait alors les années 1950, pour rester un peintre figuratif malgré l’expressionnisme violent de ses œuvres qui a modifié et reconstitué l’apparence de ce qu’il avait devant les yeux.

Francis Bacon photographié par J.S. Lewinski

L’exposition "Francis Bacon : Présence humaine" réunit une trentaine de peintures ainsi que des photographies issues de collections privées et publiques d’Europe et d’Outremer. Elles sont présentées par ordre chronologique et sont regroupées en cinq sections ou thèmes : L’apparition des portraits – Au-delà des apparences – Peintures inspirées des maîtres – Autoportraits et Amis et amants. Le parcours débute avec des œuvres de jeunesse de la fin des années 40, pour se terminer sur quelques œuvres tardives, des portraits.

De tempérament dépressif, alcoolique, d’une santé fragile, Francis Bacon est le peintre des corps torturés et des personnages qui crient leur souffrance. Pendant quelques années il se regarde les œuvres des maîtres du passé, comme Vélasquez, Rembrandt, et même Van Gogh qui l’influenceront dans ses portraits et ses œuvres qui deviennent plus classiques. Mais il revient vite à la représentation de sujets ambiguës et déstabilisants. Pendant toutes les années 70 et 80 le peintre est très prolixe ; sa technique a évolué vers plus d’innovations et sa palette s’est adoucie. Le crépuscule de sa vie est très difficile et ses œuvres tardives témoignent tellement de son mal de vivre. Il s’éteint à Madrid en 1992, emporté par un cancer et un asthme qui l’étouffait.

Tout au long de la visite notons, bien sûr trop arbitrairement : Head VI, une peinture de jeunesse de 1949, où le portrait est déjà cabossé, dans des tonalités de bleus et de roses – Étude pour le portrait de Lucian Freud, son ami, une HST étrange où l’on voit un homme nu allongé dans un espace fermé par des bandes colorées parallèles, de 1969 - Study of the human head (étude d’une tête d’homme 1973) – Autoportrait 1972 dont la tête déformée occupe presque toute la surface de la toile– Portrait de George Dyer, son amant et compagnon pendant une vingtaine d’années, dont le suicide l’a laissé dévasté. Un peu plus loin Three studies of Muriel Belcher 1966, un magnifique triptyque où trois têtes sont recomposées différemment. Il utilisera plusieurs fois dans son travail ce triple format. Toutes ces peintures témoignent de sa sensibilité « à vif », de son chagrin et de son mal être, mais c’est grâce aux portraits qu’il parvient à exprimer la profondeur de l’âme de ses sujets, des portraits nombreux dans son œuvre. Il en a réalisé plus d’une cinquantaine, en prenant toujours des photographies comme support de sa peinture.

Une exposition exceptionnelle d’œuvres exceptionnelles dont la présentation originale fait cohabiter les peintures et les photographies, ce qui facilite la compréhension de l’œuvre de cet immense artiste. Une présentation troublante et parfois difficile, qui va certainement interpeler certain public.

Brigitte Roussey