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BlablaARTS - Brigitte Roussey

Expositions - Beaux-Arts

Giorgio Morandi : "Nature morte" 1955

Nature morte, 1955 - Musée des Beaux-arts de Lyon

Giorgio Morandi (1890-1964) est l’un des peintres de natures mortes les plus novateurs du XXème siècle. Artiste italien difficile à classer bien qu’il soit resté traditionnel, il a passé toute sa vie à chercher à exprimer les sentiments et les images du monde visible par des formes, des couleurs, des espaces dans lesquels les vides et les pleins ont la même valeur, et surtout par des variations infinies de la lumière. Les natures mortes constituent la partie la plus importante de son œuvre car il aime les objets au point de les assimiler presque à des formes humaines. Ses peintures à l’apparente simplicité suggèrent une réalité souvent énigmatique au-travers de mises en scènes de bouteilles, vases et boites dont il varie les positions sur sa table de travail dans son atelier. Elles ne sont pas sans évoquer le travail de Jean-Baptiste Chardin, grand peintre de natures mortes du XVIII°s français. Il travaillait lentement comme s’il laissait  "murir" son projet et, après avoir dessiné son motif, il appliquait sa peinture par touches successives de couleurs qu’il fabriquait parait-il lui-même !

 

« Nature morte », 1955, du Musée des Beaux-Arts de Lyon, montre dans sa composition une certaine géométrisation et une monumentalité des formes héritées de Cézanne et des cubistes. Le tableau très sobre se compose de cinq objets disposés sur deux plans, le fond du tableau étant partagé en trois zones horizontales qui indiquent la profondeur. Ces cinq objets vivement éclairés ont des formes rectangulaires ou cylindriques pour les corps de face, et arrondies pour les cols des bouteilles.

La palette est restreinte avec trois coloris principaux : le marron, le gris et le blanc-crème. L’opposition de ces couleurs délimitent les formes des objets dans l’espace. La couche picturale est fine, parfois granuleuse, et la matière peu travaillée est appliquée en couches étirées juxtaposées. On pense aux fresques de Giotto, de Piero della Francesca ou de Masaccio. La verticalité de la composition marquée par les trois flacons et une boite, est rompue par l’horizontalité du cinquième objet blanc de forme rectangulaire, qui assoie ainsi la construction du tableau. Les objets placés les uns derrière les autres donnent une sensation de profondeur dans l’espace tandis que les formes blanche et marron créent une harmonie chromatique très raffinée.

 

Cette nature morte peinte en 1955 fait partie de la dernière époque de Morandi, celle où il privilégie les formes cubiques. Une atmosphère lumineuse poétique se dégage de la peinture, invitant le public à la méditation, un sentiment qui traduit sans doute le mystère personnel de l’artiste. 

 

Nature morte, 1956
Still Life, 1943
ature morte, 1952
Nature morte, 1952

 

Avec des moyens limités, une gamme de couleurs restreinte et une absence totale de théâtralité dans la disposition des objets familiers, Giorgio Morandi, en « médiéval attardé », a dépassé et transcendé le mystère du visible, inexprimable avec les mots.

 

Brigitte Roussey

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