12 Décembre 2022
Lyon - Exposition
Musée des Beaux-Arts
Jusqu'au 5 mars 2023
Après la très belle exposition du Musée du Louvre en 2015 : « Poussin et Dieu », puis celle du Petit Palais à Paris en 2019, voici « Poussin et l’amour », présentée par le Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui dévoile à ses visiteurs un Poussin peu connu, séducteur et séduisant. Peintre-philosophe austère et moralisateur, il a été dès son arrivée à Rome en 1624, cet artiste sensuel, souvent érotique, qui a médité sur « la puissance universelle et tragique de l’amour ».
L’exposition réunit une quarantaine de peintures et de dessins dont certains inédits, et trois à l’attribution incertaine ; toutes les œuvres présentées ont été réalisées après 1624. On attribue à Poussin de 220 à 240 tableaux et 400 dessins.
En se tournant vers l’Antiquité gréco-romaine (Les Métamorphoses d’Ovide), les auteurs classiques et la Bible, Poussin s’est intéressé à l’Amour, un amour dominant sur les hommes comme sur les dieux, à l’influence aussi bien créatrice que terrible. Considéré dès le XVIIème siècle comme le fondateur de l’École française de peinture, il a été ce très grand peintre classique qui a réformé la peinture en proposant de nouvelles solutions esthétiques tout en posant les questions fondamentales de la destinée humaine et de sa liberté.
Né dans l’Eure en 1594, Nicolas Poussin arriva à Paris dès 1623, avant de s’installer à Rome en 1624. Très vite il se fait connaître avec des peintures et des dessins érotiques appréciés des amateurs italiens. De retour à Paris comme peintre du roi de 1640 à 1642, il reçut de nombreuses commandes et séjourna plusieurs fois à Lyon où il avait gardé des relations amicales et commerciales. Rentré ensuite à Rome, il y travailla jusqu’à sa mort en 1665.
Poussin disait : « Il faut lire ma peinture » et prendre son temps pour en méditer tout le sens ! Il a été ce peintre amoureux de la vie et heureux de peindre avec liberté et sensualité, un peintre-poète aussi, génie de l’ombre et de la lumière et magicien de la couleur et de l’harmonie des formes.
L’exposition organisée en partenariat avec le Musée du Louvre, présente une quarantaine de peintures et de dessins regroupés en cinq sections.
Le premier tableau exposé : La Mort de Chione, a été peint à Lyon en 1622 et acquis par le musée en 2016. La visite se poursuit avec des œuvres qui montrent l’inspiration artistique de Poussin : L’Inspiration du poète HST vers 1628-1629. Puis nous découvrons la femme provoquante et désirable, à l’érotisme appuyé :
Vénus épiée par deux satyres HST vers 1626, tandis que la troisième section est dédiée à la gloire de Bacchus et à l’ivresse des sens :
Midas devant Bacchus HST vers 1624. Un peu plus loin l’artiste peint la mort, le double funeste de l’amour pour Poussin :
Écho et Narcisse ou la mort de Narcisse. HST vers 1628. Le parcours se termine avec le triomphe et la puissance de l’amour : Mars et Vénus. HST vers 1625, et Apollon amoureux de Daphé 1664, l’ultime peinture inachevée de Poussin.
À l’étage, l’exposition-dossier : Picasso/Poussin/Bacchanales, se penche sur « l’héritage laissé par Poussin
dans la construction de l’imaginaire érotique inspiré de l’antique », un héritage présent dans les nombreuses Bacchanales de Picasso, réalisées entre 1930 et fin 1960. Citons : Bacchanale, le triomphe de Pan (d’après Poussin). Lithographie 1944 – Scène bachique avec Minotaure. Eau forte sur cuivre 1933.
Une exposition exceptionnelle qui permet à ses visiteurs de découvrir une facette peu connue de l’œuvre de Nicolas Poussin, l’un des plus grand peintre français.
Brigitte Roussey