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BlablaARTS - Brigitte Roussey

Expositions - Beaux-Arts

Constantin Brancusi : "La Muse endormie"

Commentaire artistique

 

"La Muse endormie" - bronze poli. 1909-1910

Le thème de la Muse endormie occupe une place majeure dans l’œuvre du grand sculpteur Constantin Brancusi (1876-1957). Il en réalise plusieurs variations qui sont chaque fois des œuvres originales sur le même thème et non pas des répliques ! Extrêmement raffinée, cette sculpture en bronze poli de 1909-1910 n’est pas sans évoquer certaines figures issues des arts asiatiques que Brancusi a pu découvrir au Musée Guimet à Paris. Elle est l’aboutissement d’une série d’études réalisées en 1908-09 pour faire le portrait de la baronne Renée Frachon, mais ici le sculpteur dilue toute expression dans la forme ovale de la tête. Le type défini pour cette Muse endormie variera peu dans ses reprises ultérieures.

"La Muse endormie". Centre Pompidou. Bronze, face. 1910
"La Muse endormie" 1910. Dos

Né en Roumanie dans un milieu rural, il se forme dès 1898 à l’École des Beaux-arts de Bucarest puis à celle de Paris en 1904. À Paris au Salon d’Automne de 1907, Il est repéré par Rodin qui l’invite à travailler dans son atelier. Il n’y reste qu’un mois car le travail du grand sculpteur ne l’intéresse pas. Il est plus attiré par l’essence des choses, ce qui le conduit tout naturellement vers l’abstraction. Contrairement au maître, il ne modèle pas la terre mais préfère la taille directe du bois puis du marbre. A travers dessins et ébauches, Brancusi épure, stylise et simplifie ses motifs en ne travaillant que sur quelques thèmes. Il a toujours soigné la mise en scène de ses sculptures dans ses ateliers car la relation des  oeuvres avec l'espace était très importante pour lui.

La Muse endormie, plâtre (après 1910)
Version en marbre blanc - 1909-1910

La Muse endormie de 1909-1910 est en bronze poli. Elle est conservée à Paris au Musée national d’Art moderne-Centre Pompidou et mesure 16cm de H, 27,3cm de L et 18,5cm de l. C’est une figure féminine ovoïde posée sur le côté sur une plaque de marbre qui disparaîtra dans les versions suivantes. La tête n’est pas fixée et elle peut osciller sur son socle, Brancusi voulant ainsi montrer sa fragilité. Les formes sont simplifiées, la courbe de l’ovale du visage s’opposant à la contrecourbe de la chevelure. L’influence de Modigliani est ici évidente. La bouche est entrouverte en une fente asymétrique. Les yeux sont clos, le droit étant plus marqué que le gauche. La ligne du nez mince rejoint le doux renflement de la lèvre et les sourcils sont étirés sous la chevelure serrée coiffée en chignon. Les ciselures des cheveux contrastent avec le poli du visage sans modelé, le cou se remarquant à peine à l’arrière de la tête. La patine dorée et polie du bronze laisse glisser la lumière en des jeux qui enveloppent avec douceur le visage ovoïde. Cette tête aveugle semble à la fois vivante et apaisante, comme si elle allait se réveiller. De cette Muse endormie on répertorie un original et six tirages en bronze à la patine plus ou moins polie. Le Centre Pompidou  possède deux exemplaires dans sa collection. On en connait aussi une variation en marbre et deux en plâtre.

Version en bronze poli - 1909
"La Muse endormie II" - Plâtre 1917. Centre Pompidou

En 1917 Brancusi réalise une deuxième version de son œuvre, dite « Muse endormie II » dont on connait un exemplaire en albâtre, cinq en bronze et trois en plâtre sur lesquels on note quelques différences.

sleeping-muse. Interprétation postérieure

Issu du Symbolisme, ce thème de la femme endormie se retrouve aussi en littérature et en peinture, la femme devenant symboliquement synonyme d’intériorité. Brancusi travaillera inlassablement sur ce même thème et sur cette même forme jusqu’en 1926. Par son style épuré presque abstrait, Il a ouvert la voie à la sculpture surréaliste ainsi qu’au courant minimaliste des années 1960.

Brigitte Roussey

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