28 Décembre 2023
Paris - Exposition
Fondation Louis Vuitton
Jusqu'au 2 avril 20°24
Encore une fois la Fondation Louis Vuitton présente une exposition exceptionnelle, une grande rétrospective consacrée au peintre américain Mark Rothko (1903-1970). Toutes les étapes de son travail y sont illustrées, de ses débuts figuratifs aux immenses rectangles de couleurs abstraits
Markus Rothkovitch a été cet enfant juif né dans l’Empire russe, marqué par les atrocités qui y sévissaient. Il a 10 ans lorsque sa famille décide de fuir son pays et de s’exiler aux États-Unis. À New-York il découvre la peinture qui lui servira à exprimer ses émotions au même titre pour lui que la littérature et la musique. Naturalisé américain en 1938, il prend le nom de Mark Rothko deux ans plus tard. Représentant de l’Expressionnisme abstrait, il est l’une des figures majeures de la peinture du XXème siècle.
L’exposition réunit 115 toiles venues des grandes collections privées et publiques, la National Gallery of Art de Washington ou la Tate de Londres, complétées par des prêts importants de la famille de l’artiste. L’accrochage chronologique des peintures se partage en 11 galeries ou séquences et se développe sur 4 niveaux, depuis les premières œuvres figuratives jusqu’à ses dernières peintures abstraites, les œuvres abstraites dites « classiques » formant le cœur de l’exposition.
Le parcours débute avec les années 30 et des scènes intimistes ainsi que des paysages urbains : des scènes figuratives du métro de New-York (Subway Station, 1937).
Cependant comme ses représentations de la figure humaine ne le satisfont pas, il explore dès 1940 de nouvelles formes picturales : des scènes de monstres fantastiques influencées par le Surréalisme français très prisé par les artistes américains (Slow Swirl at the Egge of the Sea, 1944).
Vers 1946-1948 Rothko se tourne définitivement vers l’abstraction en réalisant les « Multiforms » : Untitled-Abstraction Number 11, 1947.
Les années 50 voient apparaître des rectangles de couleurs lumineuses, étagées et aux bords indéfinis (Untitled Multiform, 1948). La touche se fait plus légère, presque translucide. Les formats des tableaux s’agrandissent pour s’imposer aux spectateurs captivés par les champs chromatiques (Untitled N°7, 1951). À travers ses seules couleurs, le peintre parvient à leur faire ressentir des émotions, « la tragédie, la mort ou l’extase ».
Elles sont éclatantes, presque hypnotiques, comme dans certaines toiles des années 60, les « Blackforms » où des rouges s’opposent à des noirs et des violets. Le dialogue sans mot qui s’instaure entre ces couleurs créatrices de lumière et aux accords complexes et le public est presque mystique, les couleurs pures rarement associées créant des harmonies ou des chocs (Green on Blue, 1956 – Brown and Blakin Reds, 1957 – Untitled Black, Red over Blach on Red, 1964…), « des couleurs poussées à l’incandescence ».
La dernière salle, la plus élevée du bâtiment, réunit les dernières séries de Rothko, un projet qu’il a réalisé, non abouti, pour le nouveau bâtiment de l’UNESCO. Elles devaient être présentées avec des figures du sculpteur Giacometti. Toutes représentent deux rectangles noir et gris superposés, parfois cernées de blanc.
Rothko se donne tragiquement la mort en 1970.
Une exposition exceptionnelle qui renouvelle la lecture des œuvres de Mark Rothko et une rétrospective d’une « beauté à couper le souffle », à voir absolument !
Brigitte Roussey