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BlablaARTS - Brigitte Roussey

Expositions - Beaux-Arts

Nicolas de Staël ou la peinture à l'état pur

La Cathédrale 1955

Né à Saint-Pétersbourg dans une famille de l'aristocratie russe, Nicolas de Staël (1914-1955) est considéré comme l'un des artistes européens influents de l'après-guerre. Sa production artistique très courte se limite à une quinzaine d'années mais elle n'en est pas moins importante puisque l'on compte plus d'un millier de ses oeuvres. Orphelin très jeune, il passe son enfance en Belgique avant de s'installer à Paris en 1932. Très vite intéressé par la peinture, il étudie les peintres espagnols, flamands et hollandais au Musée du Louvre, tout en s'initiant au dessin en copiant les antiques. Sa décision est prise, il se consacre à la peinture.

Ses premières oeuvres sont résolument figuratives avant qu'il ne s'oriente dès le fin de la deuxième Guerre Mondiale vers l'abstraction. Proche de l'avant-garde parisienne, il est l'ami du sculpteur Arp, du peintre Braque et de l'architecte le Corbusier qui l'encouragent tous trois à orienter sa peinture vers une géométrie des formes. Ses premiers motifs sont violemment enchevêtrés, presque hachés, et sa palette sombre privilégie les bruns et les noirs profonds réveillés par quelques touches de blancs laiteux qui ne sont pas sans évoquer Manet et Velasquez.

L'année 1947 marque un tournant décisif dans la vie et l'oeuvre de l'artiste qui modifie  sa manière de peindre. Ses coups de pinceau sont moins saccadés et les formats de ses toiles s'agrandissent. Une nouvelle lumière découverte lors d'un de ses séjours à la montagne, baigne maintenant ses tableaux. Sa palette est vive et sa pâte épaisse et travaillée au couteau ou à la brosse, est posée en larges aplats de rouge vermillon, jaune et vert vif (Agrigente 1953).

Agrigente 1953

 Les grands plans de couleur juxtaposés s'imbriquent les uns avec les autres et les sujets se réduisent à des taches géométriques qui évoquent cependant un motif malgré l'abstraction de leurs formes (Méditerranée, la Coitat 1952-53).

Les Footballeurs 1952

Pendant un match de football au Parc des Princes en 1952, Nicolas de Staël est captivé par l'animation qui règne sur le terrain. Il revient alors à la figuration pour peindre 24 petits tableaux qui montrent son observation minutieuse du jeu et des attitudes des joueurs. Sa palette se fait stridente avec des rouges vifs et des bleus de Prusse éclairés par des blancs épais et travaillés (Les Footballeurs 1952 - Parc des Princes 1952).

Nu, 1953

Il s'installe l'année suivante à Antibes où il découvre de nouveaux  horizons. Plus apaisé, il peint de magnifiques paysages et surtout des nus, d'une pâte plus fine, dans des tonalités adoucies. C'est pendant ces quelques mois qu'il réalise ses plus beaux nus de Jeanne, son grand amour, dans un style mi-figuratif mi-abstrait (Nu, Jeanne 1953 - Nu couché bleu 1955). La reconnaissance arrive enfin avec le succès fulgurant qu'il rencontre à New-York, beaucoup plus mitigé en France, à son grand regret.

Rebelle, écorché vif, Nicolas de Staël n'a jamais pu choisir entre la figuration et l'abstraction, et c'est cette contradiction difficile à assumer, grossie par la souffrance de sa quête impossible de la perfection et  son amour brisé qui le poussent à se donner la mort en mars 1955. Son oeuvre importante marque de son empreinte puissante et attachante l'histoire de la peinture du XXème siècle.

Brigitte Roussey

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